Stabilité dans la tourmente

Alors que les nouvelles parvenant d’Afghanistan étaient plutôt alarmantes vues de l’occident, Nai Qala poursuivait ses actions sur le terrain de façon presque routinière. 

Après presque quatre mois de changement politique et du départ de la communauté internationale, quels sont les impacts pour Nai Qala ?

Construction de bâtiments scolaires

La veille du renversement du gouvernement en place à Kaboul, Nai Qala marquait, tranquillement, la fin des travaux de l’école pour filles que l’association avait débuté en septembre de l’année précédente.  La petite cérémonie de clôture se déroula en présence des autorités locales et des futures bénéficiaires qui étaient à ce moment-là en période de vacances forcées pour cause de … pandémie. 

Après quelques semaines d’hésitation, les filles purent prendre possession des lieux alors que les autorités provinciales levaient l’interdiction qui avait été faite aux plus grandes d’entre elles d’étudier. Nai Qala profitait de la fermeture des écoles pour entreprendre des travaux de rénovations sur l’ancienne école du village afin de prévenir les infiltrations d’eau liées aux dures conditions hivernales prévalant dans la région. La nouvelle école et son ainée rénovée furent inaugurées mi-novembre devant un parterre constitué de centaines de filles, des représentants de la communauté locale et des nouvelles autorités provinciales. Les clés du nouveau bâtiment furent officiellement remises à la communauté. 

Et du côté du programme d’éducation préscolaire ?

Nai Qala gère un programme d’éducation préscolaire dans les provinces de Bamyan et de Daikundi. Les enfants, les 65 enseignantes, le personnel d’accompagnement et les communautés locales ont, là aussi, eu plus de difficultés à gérer les fermetures temporaires des classes due au Covid, et promulguées par le gouvernement central, que de s’inquiéter d’un changement politique. Les régions montagneuses du centre de l’Afghanistan où Nai Qala opère ont été largement ignorées par les gouvernements successifs de Kaboul au cours des 20 dernières années ; les populations rurales subissant une pauvreté extrême ne se sentent pas concernées par la politique : leur priorité est depuis toujours de nourrir leur famille. Bien sûr quelques enseignantes se sont posé la question de la pérennité de leur activité sous le nouveau régime. Aucune interdiction formelle de travailler ne leur a été notifiée et elles ont pu continuer à enseigner pour le plus grand plaisir des jeunes élèves. Comme tous les projets initiés par Nai Qala, le programme d’éducation préscolaire est défini, mis en place et activé en collaboration avec les communautés locales qui se l’approprient.

 
Quid des nouvelles autorités ?

Depuis toujours, Nai Qala a engagé des discussions avec les autorités en place. Tous les projets sont systématiquement approuvés par le ministère de l’éducation et le nouveau régime ne fait pas exception. Nai Qala a même eu l’occasion de recevoir un des tous premiers protocoles d’accord signé par le ministre de l’Éducation. Les autorités provinciales de Bamyan et Daikundi donnent des signaux favorables pour la poursuite des activités éducatives pour tous, en autorisant par exemple filles et garçons à étudier, quel que soit leur âge.

Un avenir envisagé sereinement

Depuis le début, Nai Qala a développé une approche basée sur l’engagement des communautés. Les autorités locales et la population sont toujours incluses dans la définition des projets, ce qui les encourage à se sentir reconnues, respectées et impliquées. La fierté des populations à participer à l’élaboration et la mise en œuvre des projets explique pourquoi la douzaine d’écoles et le dispensaire que nous avons construits sont toujours en fonction et sont maintenus en bonnes conditions. Les autorités locales et la population se sont approprié les projets et protègent ce que Nai Qala a réalisé et construit avec le soutien des donateurs. Les populations locales vont continuer à protéger les constructions et les projets dans cette nouvelle phase aussi. Bien qu’extrêmement pauvres et souvent illettrées, ces communautés sont profondément engagées pour l’éducation de leurs filles et garçons. 

À la suite de changements politiques, un petit moment d’observation est toujours nécessaire, mais rien ne changera la position des communautés engagées dans les projets de l’Association. L’Association maintient le cap et poursuit ses activités auprès des populations défavorisées. Nous ne comptons pas nous arrêter sur le succès des dernières constructions : nous nous sommes engagés récemment à bâtir une nouvelle école dans un village encore plus retiré, dans le district de Yakawlang. Les travaux devraient débuter à la fin de l’hiver, lorsque la météo sera plus clémente. Côté éducation préscolaire, nous sommes à la veille des vacances d’hiver. Avant la reprise des cours, au printemps, les 65 enseignantes des classes préscolaires et certains de leurs collègues du primaire prendront part à un séminaire pédagogique organisé pour renforcer leurs compétences.