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Extension de nos activités à la province de Daikundi

L’expansion de notre programme préscolaire nous a conduit dans une troisième province en pleine évolution.

En 2017, Nai Qala a commencé son programme préscolaire dans la province de Ghazni et suite à son succès, Nai Qala a poursuivi son expansion d’abord dans la province de Bamyan en 2019, puis au printemps 2021 dans la province de Daikundi. Au total, Nai Qala gère actuellement 65 classes préscolaires dans 3 provinces.

Une population jeune à la recherche d’opportunités de développement

Daikundi est une nouvelle province, créée à partir des districts du nord de la province d’Oruzgan qui font partie à l’origine de la région ethnique hazara. La province de Daikundi est bordée, à l’est, par les provinces de Bamyan et Ghazni, où nous sommes déjà présents.

Daikundi, en tant que région, a historiquement souffert d’une profonde pauvreté résultant d’une situation géographique extrêmement difficile et de la dureté de la région montagneuse, qui a maintenu ses habitants isolés et exclus de la plupart des initiatives de développement. La rudesse de la région a créé une forte cohésion sociale parmi ses habitants, ce qui a fait de Daikundi l’une des provinces les plus stables d’Afghanistan.

Une enquête socio-économique a révélé que la moitié de la population de la province est âgée de 15 ans ou moins, les jeunes de 15 à 24 ans représentant 20,6 % de la population de la province, ce qui implique une structure d’âge très jeune. Cela confirme le fait que l’indice synthétique de fécondité enregistré dans la province est élevé, avec plus de 7 enfants par femme.

Les principales sources de revenus à Daikundi sont l’agriculture et la migration de la main-d’œuvre, principalement en Iran. La culture des amandiers représente depuis peu un nouvel espoir, en apportant un certain revenu, en tant que première culture de rente, et en offrant à la population un meilleur horizon et quelques perspectives d’avenir.

La partie centrale de la province et la région entourant la capitale provinciale, Nili, abritent de nombreuses personnes déplacées à l’intérieur du pays qui ont quitté une vie difficile dans les montagnes où la terre est stérile et inaccessible, souvent avec un manque d’eau persistant, à la recherche d’opportunités et d’une vie meilleure. En plus de ces personnes déplacées à l’intérieur du pays, de nombreux rapatriés de l’étranger s’installent maintenant et recommencent leur vie dans la région.

Notre programme préscolaire répondra aux besoins de cette nouvelle population montante

Au printemps de cette année, nous avons ouvert 20 classes préscolaires dans les environs de Nili. Nos jeunes bénéficiaires sont pour la plupart issus de familles déplacées à l’intérieur du pays et vivent en dessous du seuil de pauvreté. L’une de nos classes est située dans une communauté composée principalement d’anciens réfugiés revenus de l’étranger. L’inclusion des enfants réfugiés dans un programme préscolaire est très importante pour l’association Nai Qala. En effet, la vie d’un réfugié est dure, il est constamment exclu, mais le retour au pays est également difficile, car la réinstallation ne se fait pas forcément dans la ville d’origine, et la vie doit repartir de zéro.

Nos classes préscolaires accueillent également un grand nombre d’enfants orphelins. Comme Daikundi est une province très pauvre et que très peu d’attention a été accordée au développement, un nombre considérable d’hommes sont partis à la recherche de travail. Poussés par la pauvreté, beaucoup d’entre eux ont été recrutés dans l’armée et ont combattu sur la ligne de front, mais peu sont rentrés chez eux. Les enfants sans père souffrent souvent d’exclusion et, dans la plupart des cas, sont même abandonnés par leur mère lorsqu’elle se remarie.

Le programme préscolaire de la province de Daikundi cible une nouvelle population montante au sein d’une société dynamique et en pleine mutation. Les gens viennent de s’installer ou s’installent dans la région de Nili, ce qui rend notre investissement susceptible d’être durable à plus long terme. Nous pensons que nous pouvons donner de l’espoir aux enfants et à leurs familles grâce à un programme préscolaire. Nous devons également garder à l’esprit que Daikundi n’est pas une province prospère offrant de nombreuses opportunités et développements. Comme de nombreuses communautés en Afghanistan, les communautés de Daikundi traversent un chemin difficile. Nous sommes particulièrement fiers d’offrir une chance de donner un avenir prometteur à leurs enfants.

Nous avons été très heureux d’inaugurer notre projet d’éducation préscolaire à Daikundi et de commencer à investir dans l’avenir de ses enfants. Nous nous réjouissons d’accompagner cette communauté courageuse, de nous en inspirer et de mettre en œuvre ensemble des initiatives importantes pour contribuer au changement de cette société.

Les femmes s’engagent

Inspirées et motivées par l’exemple de la fondatrice et présidente de l’association Nai Qala, les femmes de Sokhtagi ont créé un conseil des femmes.

Impressionnées de voir qu’une femme afghane pouvait mener un projet dans leur région et inspirées par la fondatrice et présidente de Nai Qala, des femmes ont décidé de prendre leur destin en main.

À l’automne 2017, les femmes du village de Sokhtagi ont créé «l’association du conseil des femmes». C’est une première, sous cette forme, non seulement dans le village et dans le district,  mais certainement aussi dans toute la province de Bamyan.

Santé et alphabétisation en priorité

L’objectif d’un conseil féminin est de proposer un forum de discussion où chacune peut partager ses idées en toute confiance.  Les femmes sont conscientes que si elles veulent pouvoir participer aux décisions, elles doivent être claires et précises dans leurs revendications. La santé et l’alphabétisation des femmes sont les priorités du conseil.

Création du conseil

Il y a quelques mois Momena, la cinquantaine, mère illettrée de 7 enfants, grand-mère et femme de berger a eu la révélation de créer un conseil de femmes afin de répondre à leurs problèmes spécifiques. Ce besoin de rassembler les femmes est parti du constat qu’un groupe avait plus de poids qu’un individu isolé; forte de cette idée, Momena a donc commencé à rassembler les femmes.

Le premier passage de la présidente de l’association Nai Qala à Sokhtagi a été un élément déclencheur pour Momena. Elle a accompagné la présidente dans chacune des réunions avec la communauté et été inspirée par le leadership de Taiba Rahim et par les tâches distribuées à la communauté.

L’une des tâches confiées à la communauté a été de préparer le terrain pour la construction de l’école. Momena a pris sur elle de faire du porte à porte et de rassembler assez d’argent afin de louer le bulldozer qui permettrait à la communauté d’aplanir le terrain. Grâce à sa force de persuasion, Momena a pu assurer à elle seule le financement. Ce premier succès lui a permis non seulement de gagner la reconnaissance de la communauté et le respect des hommes mais aussi d’envoyer un message fort aux femmes, afin qu’elles la rejoignent dans son projet.

Lors du passage de la présidente de Nai Qala, en décembre 2017, les femmes discutaient des statuts et choisissaient les membres du comité de l’association nouvellement créée. Momena a engagé quelques étudiantes de l’école comme trésorière, porte-parole ou encore secrétaire de la nouvelle association du conseil.

Une source de motivation

La construction d’une école par l’association Nai Qala apporte, dans un village,  non seulement des opportunités de développement pour les enfants mais aussi force et confiance à la communauté, et en particulier pour les femmes.

Momena  a exprimé sa gratitude à Taiba Rahim, présidente de l’association Nai Qala: “Merci d’avoir amené du changement dans notre village. Votre présence parmi nous, la façon dont vous vous adressez aux hommes représente beaucoup pour nous. Cela m’encourage pour convaincre les femmes de me rejoindre. »

Nous avons constaté une plus grande participation des femmes aux projets de l’association Nai Qala que dans n’importe quel autre projet similaire mené dans la région. Les femmes ont vu que les projets de Nai Qala sont proposés puis dirigés par une femme, ce qui fait toute la différence pour elles.

 

Une communauté engagée

Motivées par l’intérêt porté à leurs villages, les communautés locales sont plus à même de s’engager

En automne 2017, la communauté de Sokhtagi s’est réunie pour discuter de l’école en construction, de son rôle et de son avenir. La communauté a organisé un déjeuner et tous – femmes et hommes – se sont assis dans la même pièce et ont partagé un repas. C’est incroyable de voir comment les femmes et les hommes ont pu parler ensemble d’un projet commun et de l’avenir du village, et que tous se sont senti inclus.

La participation de la communauté dans les projets de Nai Qala est source de fierté. Les nouvelles infrastructures deviennent un symbole d’engagement commun, encourageant un sentiment d’objectifs partagés et favorisant la participation communautaire et la solidarité.

Les membres des communautés touchées par la construction d’écoles et de cliniques ont un rôle collectif accru et participent à la conception, aux décisions, à la mise en œuvre et à la gestion de ces projets.