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Nutrition et jardinage

Améliorer le statut nutritionnel en promouvant le jardinage

Bien que l’attention soit concentrée sur les transitions politiques et sécuritaires du pays, la malnutrition est une préoccupation majeure en Afghanistan. Parce que l’absence d’une nutrition adéquate a des effets cruciaux à long terme sur les individus et sur le développement social et économique, le statut nutritionnel mérite l’attention et des actions appropriées.

Une enquête nationale, menée conjointement par le ministère de la santé publique, l’UNICEF et l’université Aga Khan, fournit un état des lieux du statut nutritionnel des femmes, enfants, adolescents et personnes âgées [1]. On y apprend notamment que le pays affiche l’un des taux de retard de croissance (« stunting » ; rapport poids/âge) les plus élevés au monde, avec 41% des enfants de moins de cinq ans affectés. Le retard de croissance est un signe de dénutrition chronique pendant les périodes de croissance les plus critiques. Un retard de croissance empêche les enfants d’atteindre leur potentiel; les enfants touchés sont plus susceptibles de contracter des maladies et ont moins de succès à l’école.

La carence nutritionnelle chronique en Afghanistan est en grande partie le résultat d’une mauvaise alimentation. Une diversité alimentaire inadéquate et des quantités insuffisantes de nourriture, associées à une mauvaise hygiène, représentent des risques pour la santé et sont une cause de mortalité chez les enfants plus âgés. Lorsque les mères ont un régime alimentaire inadéquat, un cycle vicieux se crée; les nourrissons souffrant de malnutrition grandissent pour devenir des mères avec un retard de croissance, génération après génération.

Les projets de Nai Qala comme porte d’accès à d’autres actions axées sur la nutrition

Les mauvaises pratiques d’alimentation sont courantes en Afghanistan et ne sont pas seulement un résultat de la pauvreté, mais aussi des connaissances limitées des familles ou de la façon dont les normes sociales influencent les décisions. Le personnel du dispensaire de Nawur est formé pour aider les femmes à acquérir les connaissances et les informations nécessaires pour adopter de saines habitudes alimentaires.

Les classes d’éducation de la petite enfance sont aussi un moyen de transmettre des messages de prévention liés à la santé ; les enfants y apprennent par exemple à se laver les mains avant de prendre, en commun, le repas.

Plusieurs types d’actions peuvent être entreprises afin de remédier à certaines causes de la malnutrition. Les infrastructures communautaires construites par Nai Qala représentent un tremplin formidable permettant de faire passer des messages positifs de prévention santé.

Des plantations de carottes aux alentours du dispensaire de Nawur

Les vertus de la vitamine A ne sont plus à prouver; prévention de la cécité ou renfort des défenses immunitaire, en particulier celles des enfants. Carottes, abricots, épinards, ou encore les œufs sont des aliments source de vitamine A qui font partie d’une alimentation saine et diversifiée pour les enfants dans de nombreuses régions du monde. Malheureusement, même les régimes les moins variés sont encore hors de portée pour plus des deux tiers des nourrissons et des jeunes enfants dans les pays à faible revenu et les régions reculées du centre de l’Afghanistan ne font pas exception. Pour augmenter les chances de survie des enfants, améliorer leur développement et prévenir le retard de croissance, des interventions nutritionnelles doivent être mises en place pendant la grossesse de la mère et les premières années de la vie de l’enfant. En Afghanistan, on estime que plus de 80% des enfants reçoivent des suppléments en vitamine A au cours de leurs deux premières années de vie [2], et les jeunes enfants des environs du dispensaire de Nawur profitent des campagnes nationales de supplémentation. Les jeunes mères et la population profitant du dispensaire reçoivent aussi des conseils de jardinage et des semences de légumes. On a pu constater ainsi une multiplication des plants de carottes dans les jardins familiaux de la région, une source importante de vitamine A pour petits et grands.

Compétition de jardinage à l’école

L’école Zeera Gag, construite il y a quelques années par l’Association Nai Qala, est aujourd’hui l’un des rares coins de verdure de la région et représente une source d’inspiration pour toute une population. Chaque classe participe à une compétition de jardinage. Les enfants font pousser des légumes et plantent des arbres fruitiers, s’assurent qu’ils soient bien irrigués et s’occupent avec soin du terrain qui leur est attribué. Les enfants sont heureux que leur école ait un environnement aussi vert et propre, et sont aussi très fiers de voir le résultat de leur dur labeur. C’est incroyable de voir comment la culture et l’intérêt pour l’alimentation ont changé. Les enfants encouragent leurs parents à cultiver des légumes chez eux aussi.

« Cinq de mes enfants vont à l’école de Zeera Gag. Depuis qu’ils ont commencé l’école, ma vie a changé: ils rentrent propres, tombent rarement malades, et sont très motivés pour planter des légumes et des arbres à la maison. Maintenant nous avons beaucoup de légumes dans notre jardin, notre alimentation a changé et nous avons pris l’habitude de manger des aliments plus variés, je vois mes enfants heureux, cela nous rend heureux … »  témoigne Zahra, mère de 7 enfants.

Le jardinage comme solution à la malnutrition ?

Les résultats d’une étude financée par UKAid [3] montrent que la possession de terres irriguées et de parcelles de jardin est positivement associée avec la diversité alimentaire des ménages.

Les recommandations de la FAO et l’OMS mettent l’accent sur les bienfaits de la diversification alimentaire pour lutter contre de nombreuses maladies liées à la nutrition. La diversité alimentaire est utilisée pour évaluer la qualité de l’alimentation et la sécurité alimentaire. Le jardin potager est un support pratique pour améliorer le contenu nutritionnel de l’alimentation et, en fin de compte, améliorer la santé des populations locales. La présence d’infrastructures communautaires ou encore les petites actions de Nai Qala qui encouragent le jardinage par la communauté sont une contribution concrète à l’amélioration de l’état de santé des populations locales.

[1] National Nutrition Survey Afghanistan (2013): https://reliefweb.int/sites/reliefweb.int/files/resources/Report%20NNS%20Afghanistan%202013%20%28July%2026-14%29.pdf

[2] https://data.unicef.org/topic/nutrition/vitamin-a-deficiency/

[3] Kawsary, R., Zanello, G. and Shankar, B. (2018) The Role of Irrigation in Enabling Dietary Diversity in Afghanistan, LANSA Working Papers Vol 2018 No 26, IDS: Brighton

Children with carrots afghanistan

Ramassage des déchets

Le changement de comportement et la participation du public sont la clé d’une gestion fonctionnelle des déchets.

Les déchets augmentent

L’humanité a créé 8,3 milliards de tonnes de plastique depuis que la production à grande échelle des matériaux synthétiques a commencé au début des années 1950, et la plus grande partie réside maintenant dans les décharges ou dans l’environnement naturel [1]. À l’échelle mondiale, quelque 3,5 milliards de personnes n’ont pas accès aux services formels de gestion des déchets et la population des régions reculées d’Afghanistan ne fait pas exception.

Les chiffres mondiaux de la pollution par le plastique donnent des maux de tête: 500 milliards de sacs sont utilisés chaque année, un million de bouteilles sont achetées chaque minute; la plupart des plastiques ne se biodégradent pas, de sorte que les déchets plastiques que les humains ont générés peuvent rester pendant une centaine ou plusieurs centaines d’années. De plus en plus de déchets plastiques se retrouvent dans le paysage afghan, même dans des endroits qui méritent ou ont déjà le statut de parc national. La légende dit qu’un plongeon dans les lacs de Band-e-Amir, le premier parc national afghan, vous guérira des maladies, mais les ordures et les déchets qui semblent se retrouver dans les lacs suggèrent plutôt le contraire.

Initiative communautaire à Sokhtagi

Choquée par la quantité d’ordures qui jonchent les lacs, les lacs et les rivières des environs de Sokhtagi, la présidente de Nai Qala a partagé ses tristes sentiments avec la communauté locale lors de son séjour dans la région, en mars 2018. Ses paroles ont résonné positivement aux oreilles de la communauté et ont poussé les habitants à prendre des dispositions. Fin juin 2018, le conseil d’école de Sokhtagi a organisé une journée générale de collecte des déchets où plus de 350 personnes ont participé. Les parents, les enseignants et les élèves ont rassemblé plusieurs dizaines de kilos de plastique, de verre, de métal et de tissu provenant du marais de Sokhtagi et de ses abords.

Une telle motivation parmi la communauté de Sokhtagi, dans une région historiquement si isolée, est remarquable. Parmi de nombreux autres bénéfices, la construction d’une école rend les villageois attentifs à leur environnement. «Nous avons l’un des plus beaux lacs juste devant notre porte, nous devons en prendre soin et, qui sait, un jour notre village deviendra une zone qui attirera de nombreux étrangers à la visiter» a déclaré un homme qui faisait partie des bénévoles.

Prendre conscience de son environnement et des déchets générés

Nai Qala promeut des valeurs de durabilité et engage la communauté de tous les villages où elle construit une école ou un centre de santé à être consciente de son environnement et à prendre soin de la nature. L’association s’assure que l’environnement soit un sujet discuté avec les bénéficiaires de ses programmes.

À un moment où la Banque Mondiale estime que la production mondiale de déchets solides devrait augmenter de 70% d’ici 2025, les pays en développement faisant face aux plus grands défis, ces initiatives communautaires donnent un signal d’espoir fort. Non seulement la collecte des déchets, mais aussi une réflexion critique sur l’utilisation des matériaux ainsi que de bonnes pratiques de gestion des déchets aideront à garder ces régions éloignées du centre de l’Afghanistan propres. Espérons ensemble que la réduction et la collecte des déchets, une réflexion sur ce que l’on achète et un choix de matériaux plus durable, dans la mesure du possible, feront bientôt partie de la culture locale.

[1]Roland Geyer et al. Production, use, and fate of all plastics ever made. Science Advances, July 2017 DOI: 10.1126/sciadv.1700782

Des matériaux durables

Minimiser l’impact énergétique de la construction en utilisant des matériaux locaux

Lors de la construction d’infrastructures communautaires, il nous tient à coeur de minimiser l’impact sur l’environnement. L’énergie nécessaire à la fabrication et au transport des matériaux peut non seulement augmenter de façon significative les coûts de construction mais surtout avoir un impact non négligeable sur l’environnement.

Le calcul de l’énergie grise prend en compte l’analyse du cycle complet de vie du produit : conception, extraction et transport des matières premières, transformation des matières et fabrication du produit, commercialisation, transport, usage et mise en œuvre et enfin, son recyclage éventuel. De ce point de vue, les matériaux locaux peu ou non transformés ont un net avantage sur les autres : la pierre, la terre, l’argile, la paille, le bois ou la laine sont des matériaux de construction qui peuvent à la fois répondre aux exigences modernes de la construction et qui ont une énergie grise très faible.

Dans les régions reculées du centre de l’Afghanistan, les distances de transports font grimper les coûts de l’énergie grise. La production de certains matériaux de construction contribuent à faire gonfler la facture énergétique et a un impact négatif sur l’environnement. L’utilisation de la pierre a ainsi été favorisée à celle de la brique en terre cuite dans la majorité des constructions de Nai Qala. Bien que l’argile soit un matériau disponible en quantité presque illimitée et entièrement recyclable, la cuisson de la terre est un processus énergivore, pouvant durer jusqu’à plusieurs jours, à des températures dépassant les 1000 degrés. Les fours sont parfois alimentés par du combustible fossile mais le plus souvent par du bois de régions déjà très arides, ce qui contribue à la déforestation.

Lors du choix de l’entreprise de construction et de la signature des contrats, les matériaux de construction sont soigneusement sélectionnés afin d’apporter sécurité et confort aux futurs utilisateurs du bâtiment tout en minimisant  l’impact sur l’environnement. L’école de Sokthagi est ainsi construite à partir de pierres extraites des montagnes environnantes et qui sont taillées sur place à la bonne dimension. Le gravier et le sable utilisé pour le mortier viennent de la rivière toute proche. Seul le bois pour la charpente, les fenêtres et les portes est transporté depuis d’autres provinces. La provenance des matériaux favorise ainsi l’écobilan positif de la construction.