Quand les enfants ne peuvent pas aller à l’école, l’éducation vient à eux

L’éducation à base communautaire (EBC) permet aux enfants d’âge scolaire de recevoir une éducation, même lorsque les écoles sont difficiles à atteindre. 

Des millions d’enfants ne sont pas scolarisés en Afghanistan ; beaucoup vivent dans des zones difficiles d’accès où il n’y a pas d’école formelle ou dans lesquelles l’école la plus proche n’est pas accessible à pied. Terminer l’école primaire est un défi, surtout dans les zones rurales et pour les filles, malgré quelques progrès récents dans la scolarisation. La pénurie d’écoles et l’absence de moyens de transport sont les principaux obstacles à l’éducation. Les barrières géographiques, en particulier dans les zones montagneuses, compliquent l’accès des enfants à la salle de classe : une longue marche vers l’école implique que moins d’enfants s’y rendent.

Pour les enfants des zones isolées en âge de fréquenter l’école primaire, de la première à la sixième année, le ministère de l’éducation a mis en place un enseignement alternatif dans des bâtiments communautaires ou des maisons privées, avec un enseignant issu de la communauté locale. L’éducation communautaire a une longue histoire en Afghanistan, qui remonte aux « écoles de village » soutenues par le gouvernement dans les années 1970, lorsque les villages étaient trop disséminés ou que leur population était inférieure au seuil de scolarisation primaire. Aujourd’hui, bien que la plupart de ces classes communautaires soient soutenues par des ONG, le ministère de l’éducation s’est engagé à soutenir cette éducation non formelle et reconnaît officiellement les classes communautaires comme un service de proximité au sein du système éducatif national.

En Afghanistan, l’EBC s’est avérée être une approche efficace pour atteindre les enfants non scolarisés, en particulier les filles.

L’éducation avec une infrastructure minimale et flexible

Les villageois fournissent une salle de classe, une grande pièce dans une maison privée, un bâtiment communautaire ou une mosquée, et désignent des enseignants potentiels au sein de la communauté. Les organisations d’aide forment les enseignants, paient leurs salaires et fournissent les manuels scolaires approuvés par le gouvernement ainsi que les petites fournitures. Le gouvernement intègre les classes communautaires dans le système éducatif plus large et certifie les enseignants. Chaque centre communautaire dessert le village dans lequel il est situé ; l’éducation communautaire est répartie sur plusieurs sites, ce qui rend la fréquentation plus pratique pour les enfants vivant dans des régions éloignées. 

Ces programmes communautaires sont faciles à mettre en place et relativement bon marché : pas besoin d’infrastructures complexes, les enseignants appartiennent à la communauté. Lorsque l’accès à l’école primaire est un défi, les enfants ont la possibilité de recevoir une éducation de base et d’intégrer les écoles formelles lorsqu’ils sont assez âgés et suffisamment sûrs pour marcher. L’EBC donne aux communautés l’occasion de développer un sentiment d’appartenance. Les parents sont de solides partenaires, ils peuvent se rendre régulièrement dans les classes, vérifier l’assiduité et observer les cours. 

L’association Nai Qala comble des lacunes en matière d’éducation dans les communautés isolées. 

En construisant des écoles et en gérant des programmes préscolaires dans des zones mal desservies des régions montagneuses du centre de l’Afghanistan, Nai Qala a pu observer le manque d’installations scolaires formelles et la forte proportion d’enfants non scolarisés. Lors du suivi du programme préscolaire en place, le personnel de l’association a découvert que dans certains villages, les enfants n’étaient tout simplement pas inscrits à l’école primaire. En effet, les distances à parcourir pour se rendre à l’école peuvent être longues et empêcher les enfants et/ou les filles les plus jeunes d’assister à une classe formelle. Lorsque les enfants grandissent et sont physiquement capables de rejoindre une école, ils sont alors trop âgés pour être inscrits dans le système éducatif formel.

La vision de l’association Nai Qala’s est de fournir un paquet complet d’éducation dans les régions rurales éloignées, de l’âge pré-primaire jusqu’à l’accès à l’éducation supérieure avec un programme préscolaire, la construction de bâtiments scolaires, et des classes de soutien scolaire. Pour combler les lacunes, l’association Nai Qala pilote un projet d’EBC dans 10 villages, depuis septembre 2022, dans le prolongement de son programme préscolaire. Les classes sont situées dans les provinces de Bamyan, Daikundi et Ghazni, dans des villages reculés où l’association gère une école maternelle, afin de s’assurer que tous les enfants réalisent leur droit à l’éducation.

Après avoir recruté des enseignants répondant aux critères fixés par le gouvernement, l’association Nai Qala a formé 8 femmes et 2 hommes, avec le soutien du réseau de développement Aga Khan (AKDN). Après la formation, les enseignants sont retournés dans leurs villages et supervisent une trentaine d’enfants, âgés de 7 à 8 ans (parfois jusqu’à 13 ans) pendant une année scolaire intense. Avec le soutien de l’AKDN, Nai Qala a fourni à chaque communauté un tableau noir, de la moquette, de la papeterie, des cahiers et des manuels scolaires afin que chacun soit équipé pour suivre la classe. De plus, les employés de Nai Qala assurent un suivi de chaque classe, mettant à profit l’équipe préscolaire en place.

Une première visite de suivi dans la province de Ghazni a confirmé que le besoin de ces classes est énorme. En effet, le jour où le projet a démarré, plus de 80 filles étaient impatientes de pouvoir s’inscrire, mais comme les capacités de l’organisation sont limitées à 35 élèves, plus de 45 filles ont été laissées en pleurs, déçues et avec un sentiment d’exclusion, tandis que leurs pères exprimaient aussi leur tristesse. Ces villages reculés n’ont jamais bénéficié d’un soutien extérieur ; l’éducation des filles fait défaut ; la mortalité infantile et maternelle est élevée…

L’éducation communautaire ouvre l’horizon, le cœur et l’esprit à l’apprentissage dans les conditions les plus difficiles. Cette année, plus de 300 enfants bénéficient du projet d’éducation communautaire de l’Association Nai Qala.