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Protéger les enfants de la violence

Plus de 200 enseignants sensibilisés à la prévention de la violence envers les enfants

Depuis 2017, Nai Qala dispense un programme préscolaire (école enfantine). Débuté avec 3 classes, le programme cible actuellement 90 classes touchant près de 2000 enfants dans 3 provinces. Nai Qala s’assure de la formation des enseignantes et la prise en charge de leur salaire, et équipe les classes du matériel adéquat pour accueillir et instruire les enfants. L’association assure un suivi régulier des classes et évalue le projet tout au long de l’année scolaire. L’impact du programme est tangible ; par les compétences scolaires et sociales acquises, les enfants sont prêts à commencer le cycle primaire, et leurs parents sont plus enclin à les envoyer à l’école.

Au cours des 5 dernières années, de nombreuses améliorations ont été amenées au projet. Pendant leur formation initiale et lors des séminaires de mise à niveau, les enseignantes du préscolaire acquièrent des compétences en matière de santé, nutrition et hygiène et améliorent leurs capacités pédagogiques. La sensibilisation des parents à ces thèmes fait partie intégrante du cahier des charges des enseignantes.

Le corps enseignant du primaire n’est pas prêt

Le travail en étroite collaboration avec les enseignantes du préscolaire et les communautés locales a mis en lumière des comportements délétères au bien-être des enfants et a incité Nai Qala à mettre l’accent sur les droits de l’enfant dans la formation des enseignantes. La mise en œuvre du projet a permis d’améliorer la compréhension des droits de l’enfant et leur protection au sein des communautés. Toutefois, l’évaluation du programme préscolaire a mis en évidence une lacune importante lorsque les jeunes bénéficiaires commencent l’école primaire et sont confrontés à des comportements inadaptés de la part de leur enseignant.

En Afghanistan, les coups et autres formes d’agression sont souvent considérés comme une pratique normale pour discipliner et éduquer les enfants. Le corps enseignant n’est malheureusement pas conscients des effets néfastes d’une telle violence sur les capacités des enfants et sur leur bien-être futur, et ne connaissent pas d’autres méthodes pour maintenir la discipline et inciter les élèves à étudier. La croyance selon laquelle « les bonnes manières ne s’apprennent pas sans coups » est bien ancrée.

Pour les victimes de violence, l’école peut devenir une épreuve plutôt qu’une opportunité. La promesse et le potentiel de l’éducation et l’enthousiasme de la découverte et de l’apprentissage sont sapés par la douleur, le traumatisme et la peur. L’expérience de la violence à l’école est une cause de décrochage scolaire.

Sensibiliser et renforcer les capacités des enseignants

Pour combler les lacunes du corps enseignant, Nai Qala a mis en place un programme de prévention de la violence. L’association a convié les instituteurs, les institutrices, et la direction des écoles primaires auxquelles sont rattachées les classes préscolaires. Ce sont ainsi plus de 130 enseignants issus d’une soixantaine d’écoles primaires des provinces de Bamyan, Daikundi et Ghazni qui ont participé à une semaine de formation au côté des 90 enseignantes des classes préscolaires de Nai Qala.

Au programme, rafraichissement des connaissances sur le développement et les besoins de l’enfant, psychologie, introduction à la conduite de classe positive, pédagogie et mise en place de stratégies pour prévenir la violence dans les écoles. Les enseignantes du préscolaire ont été des participantes actives, inspirant les enseignants du primaire et partageant leur expérience.

Le programme de prévention de la violence s’étend sur l’année scolaire et comprend plusieurs modules de formation et un suivi sur site par du personnel formé à cet égard. Chaque établissement primaire a mis en place un plan d’action. Après quelques semaines, des changements sont concrets. La plupart des écoles ont déjà sensibilisé les enseignants qui n’étaient pas présents lors de la formation à la problématique. Certains directeurs d’établissement se sont coordonnés pour définir un calendrier en lien avec des objectifs d’apprentissage, une lacune et source de stress pour les enseignants. D’autres établissement ont invité les parents à une séance d’information. Des enseignants ont mis en place en place avec leurs élèves une charte de bonne conduite en classe. De façon plus personnelle, nombreux ont été les participants qui ont remis en question leur comportement en tant qu’enseignant … et aussi en tant que parent. 

Dans la continuité du programme déjà mis en place depuis quelques années, les enseignantes des classes préscolaires gérées par Nai Qala appliquent la pédagogie positive en classe et incitent les parents à adopter un comportement bienveillant.

Briser les schémas de la violence

Les écoles sont particulièrement bien placées pour dispenser une éducation de qualité et offrir aux enfants la possibilité de cultiver leur talent créatif et leur esprit critique, d’acquérir des compétences pratiques, de développer leur estime de soi et leurs relations sociales, et de grandir dans la dignité en tant qu’individus. Les écoles peuvent également servir de ressources importantes pour le développement et la diffusion des valeurs de non-violence, de coopération, de tolérance et de respect, non seulement parmi les élèves et le corps enseignant mais aussi au-delà, dans les familles et la communauté au sens large.

L’éducation dispose d’un potentiel unique pour créer un environnement où les attitudes tolérant la violence peuvent être modifiées et où les comportements non violents peuvent être appris. Dès le plus jeune âge, les écoles et les enseignants sont bien placés pour briser les schémas de violence et apporter des compétences en matière de communication, de négociation et de soutien à des solutions pacifiques aux conflits. Les enseignants sont des acteurs respectés au sein des communautés et sont habilités à transmettre le message aux parents et à l’ensemble de la communauté.

Inauguration de l’école de Dou Aab

Une 12ème école pour les communautés rurales reculées

Lorsque nous avons visité le village de Dou Aab pour la première fois, en 2016, nous avons été frappés par les conditions d’apprentissage des élèves et le dénuement extrême de la région. L’école de Dou Aab, un établissement primaire accueillant les enfants jusqu’à la 9ème année, des filles et garçons âgés de 7 à 16 ans, ne disposait pas de bâtiment en dur. Les cours étaient dispensés en plein air, parfois sous des tentes déchirées, et ne pouvaient avoir lieu en cas de mauvais temps. Les élèves étaient la plupart du temps assis à même le sol, sous le soleil ou parfois dans la neige, comme c’est souvent le cas dans les projets pour lesquels l’association Nai Qala s’engage. Sans surprise, ces mauvaises conditions compliquaient considérablement l’achèvement du programme annuel et se traduisaient par un taux élevé de décrochage scolaire. 

Bien que, depuis notre première visite dans le village, une organisation a fourni des structures provisoires en plastique, le manque de motivation des enseignants et le désintérêt des parents pour l’éducation restent malheureusement une réalité. L’absence d’un véritable bâtiment est interprétée par la population comme un abandon par l’état et la communauté internationale, ce qui la pousse à chercher des opportunités économiques en dehors du village. 

Dans sa mission d’offrir des conditions d’apprentissage dignes aux enfants des régions rurales défavorisées du centre de l’Afghanistan, l’association Nai Qala s’est lancée dans la construction de son 12ème bâtiment scolaire. L’Association s’est assurée de la sélection du terrain de la future construction en consultation avec le conseil des anciens du village, du transfert de propriété, de la mise en adjudication de la construction auprès d’entreprises locales et a signé un protocole d’accord avec le ministère de l’éducation assurant l’inclusion de l’école dans son portefeuille. 

Le chantier a démarré en mai 2022 et, bénéficiant d’une météo clémente, s’est terminé en octobre 2022. Les murs du bâtiment sont construits avec les pierres des montagnes environnantes ; le sable et le gravier utilisés pour la maçonnerie proviennent des rivières toutes proches. L’entreprise de construction a engagé des hommes du village, offrant ainsi à des dizaines de familles un revenu bienvenu dans une région où les opportunités économiques sont rares.

Installé au pied de la montagne, le bâtiment est visible de loin : c’est une école comprenant 6 salles de classes, 1 salle pour les enseignants, 1 salle multi-usage servant de bibliothèque et de salle d’informatique, le tout équipé du mobilier nécessaire. La construction est complétée par un bloc sanitaire avec accès à l’eau courante, un terrain de sport extérieur pour la pratique du volley-ball, et d’un mur d’enceinte.

Une joyeuse cérémonie réunissant les écoliers, les villageois et les autorités locales a clos le projet. Les jeunes élèves de 5 classes du programme préscolaire de Nai Qala se sont joint à la fête et ont découvert l’école qui les accueillera au printemps. L’inauguration du nouveau bâtiment fut l’occasion de remettre officiellement les clés de l’école au directeur de l’établissement et à la communauté pour le plus grand plaisir des 540 bénéficiaires actuels et des futures générations d’écoliers de Dou Aab.

Quand les enfants ne peuvent pas aller à l’école, l’éducation vient à eux

L’éducation à base communautaire (EBC) permet aux enfants d’âge scolaire de recevoir une éducation, même lorsque les écoles sont difficiles à atteindre. 

Des millions d’enfants ne sont pas scolarisés en Afghanistan ; beaucoup vivent dans des zones difficiles d’accès où il n’y a pas d’école formelle ou dans lesquelles l’école la plus proche n’est pas accessible à pied. Terminer l’école primaire est un défi, surtout dans les zones rurales et pour les filles, malgré quelques progrès récents dans la scolarisation. La pénurie d’écoles et l’absence de moyens de transport sont les principaux obstacles à l’éducation. Les barrières géographiques, en particulier dans les zones montagneuses, compliquent l’accès des enfants à la salle de classe : une longue marche vers l’école implique que moins d’enfants s’y rendent.

Pour les enfants des zones isolées en âge de fréquenter l’école primaire, de la première à la sixième année, le ministère de l’éducation a mis en place un enseignement alternatif dans des bâtiments communautaires ou des maisons privées, avec un enseignant issu de la communauté locale. L’éducation communautaire a une longue histoire en Afghanistan, qui remonte aux « écoles de village » soutenues par le gouvernement dans les années 1970, lorsque les villages étaient trop disséminés ou que leur population était inférieure au seuil de scolarisation primaire. Aujourd’hui, bien que la plupart de ces classes communautaires soient soutenues par des ONG, le ministère de l’éducation s’est engagé à soutenir cette éducation non formelle et reconnaît officiellement les classes communautaires comme un service de proximité au sein du système éducatif national.

En Afghanistan, l’EBC s’est avérée être une approche efficace pour atteindre les enfants non scolarisés, en particulier les filles.

L’éducation avec une infrastructure minimale et flexible

Les villageois fournissent une salle de classe, une grande pièce dans une maison privée, un bâtiment communautaire ou une mosquée, et désignent des enseignants potentiels au sein de la communauté. Les organisations d’aide forment les enseignants, paient leurs salaires et fournissent les manuels scolaires approuvés par le gouvernement ainsi que les petites fournitures. Le gouvernement intègre les classes communautaires dans le système éducatif plus large et certifie les enseignants. Chaque centre communautaire dessert le village dans lequel il est situé ; l’éducation communautaire est répartie sur plusieurs sites, ce qui rend la fréquentation plus pratique pour les enfants vivant dans des régions éloignées. 

Ces programmes communautaires sont faciles à mettre en place et relativement bon marché : pas besoin d’infrastructures complexes, les enseignants appartiennent à la communauté. Lorsque l’accès à l’école primaire est un défi, les enfants ont la possibilité de recevoir une éducation de base et d’intégrer les écoles formelles lorsqu’ils sont assez âgés et suffisamment sûrs pour marcher. L’EBC donne aux communautés l’occasion de développer un sentiment d’appartenance. Les parents sont de solides partenaires, ils peuvent se rendre régulièrement dans les classes, vérifier l’assiduité et observer les cours. 

L’association Nai Qala comble des lacunes en matière d’éducation dans les communautés isolées. 

En construisant des écoles et en gérant des programmes préscolaires dans des zones mal desservies des régions montagneuses du centre de l’Afghanistan, Nai Qala a pu observer le manque d’installations scolaires formelles et la forte proportion d’enfants non scolarisés. Lors du suivi du programme préscolaire en place, le personnel de l’association a découvert que dans certains villages, les enfants n’étaient tout simplement pas inscrits à l’école primaire. En effet, les distances à parcourir pour se rendre à l’école peuvent être longues et empêcher les enfants et/ou les filles les plus jeunes d’assister à une classe formelle. Lorsque les enfants grandissent et sont physiquement capables de rejoindre une école, ils sont alors trop âgés pour être inscrits dans le système éducatif formel.

La vision de l’association Nai Qala’s est de fournir un paquet complet d’éducation dans les régions rurales éloignées, de l’âge pré-primaire jusqu’à l’accès à l’éducation supérieure avec un programme préscolaire, la construction de bâtiments scolaires, et des classes de soutien scolaire. Pour combler les lacunes, l’association Nai Qala pilote un projet d’EBC dans 10 villages, depuis septembre 2022, dans le prolongement de son programme préscolaire. Les classes sont situées dans les provinces de Bamyan, Daikundi et Ghazni, dans des villages reculés où l’association gère une école maternelle, afin de s’assurer que tous les enfants réalisent leur droit à l’éducation.

Après avoir recruté des enseignants répondant aux critères fixés par le gouvernement, l’association Nai Qala a formé 8 femmes et 2 hommes, avec le soutien du réseau de développement Aga Khan (AKDN). Après la formation, les enseignants sont retournés dans leurs villages et supervisent une trentaine d’enfants, âgés de 7 à 8 ans (parfois jusqu’à 13 ans) pendant une année scolaire intense. Avec le soutien de l’AKDN, Nai Qala a fourni à chaque communauté un tableau noir, de la moquette, de la papeterie, des cahiers et des manuels scolaires afin que chacun soit équipé pour suivre la classe. De plus, les employés de Nai Qala assurent un suivi de chaque classe, mettant à profit l’équipe préscolaire en place.

Une première visite de suivi dans la province de Ghazni a confirmé que le besoin de ces classes est énorme. En effet, le jour où le projet a démarré, plus de 80 filles étaient impatientes de pouvoir s’inscrire, mais comme les capacités de l’organisation sont limitées à 35 élèves, plus de 45 filles ont été laissées en pleurs, déçues et avec un sentiment d’exclusion, tandis que leurs pères exprimaient aussi leur tristesse. Ces villages reculés n’ont jamais bénéficié d’un soutien extérieur ; l’éducation des filles fait défaut ; la mortalité infantile et maternelle est élevée…

L’éducation communautaire ouvre l’horizon, le cœur et l’esprit à l’apprentissage dans les conditions les plus difficiles. Cette année, plus de 300 enfants bénéficient du projet d’éducation communautaire de l’Association Nai Qala.

La relativité du temps

Les communautés isolées du centre montagneux de l’Afghanistan ont un sens du temps qui est très relatif.

Qu’est-ce que le temps ? Dans les sociétés occidentales et occidentalisées, le temps est ce que mesure une horloge. De la prime jeunesse à la vieillesse, le quotidien est rempli d’engagements et de rendez-vous liés au temps ; la vie ordinaire est régie par l’assiduité requise pour l’école, les études ou le travail, les sports, les activités artistiques, les loisirs, les événements sociaux. On ne peut penser aux jours, aux mois ou aux années sans une définition très carrée du temps.

Dans les régions montagneuses du centre de l’Afghanistan, le temps est une réalité différente. Le rythme du soleil, les cycles de la lune, la succession des saisons, les besoins du bétail ou des champs, les appels à la prière rythment la vie. Mais le temps devient complexe à gérer lorsque l’école maternelle arrive dans ces régions reculées.

Les classes préscolaires ont lieu les jours de semaine avec un horaire régulier. Les enfants sont censés arriver quelques minutes avant le début de la classe. Les enseignantes sont toujours présentes au moins 30 minutes avant le début de la leçon, s’assurant que tout est prêt pour accueillir leurs jeunes élèves. Cependant, l’enseignante est souvent surprise de voir des enfants attendre devant la porte bien avant son arrivée en classe. De même, il n’est pas rare que les enfants rejoignent la classe juste avant la fin du cours ou qu’ils s’endorment pendant le cours.

Passer des horloges à cadran sophistiquées aux horloges en carton faites à la main

Les salles de classe sont généralement équipées d’horloges à cadran ; elles sont habituellement accrochées tout en haut du mur, juste en dessous du plafond, comme une décoration intouchable pour les enfants. Ces horloges aident les enseignantes à organiser leur journée de travail puisque leur propre montre est surtout utilisée comme un accessoire de mode en l’absence d’une pile en état de fonctionner ; les horloges à cadran servent également de support abstrait aux enfants pour apprendre à lire l’heure, ce qu’ils font avec beaucoup d’attention : ils peuvent dire avec précision « Il est neuf heures et demie », « Il est trois heures moins le quart », mais lorsqu’on leur demande à quelle heure ils sont censés se préparer pour l’école, ils répondent généralement « Quand le soleil se lève » ; il n’y a aucun lien avec l’horloge.

Lorsqu’elles ont évalué l’équipement le plus et le moins utile dans la classe, les coordinatrices préscolaires ont répondu à l’unanimité l’horloge à cadran. 

Les classes préscolaires qui ont récemment ouvert leurs portes n’ont plus de cadran à piles, mais de jolies horloges en carton fabriquées par les enseignants. Les enfants peuvent les toucher et jouer avec, sans craindre de les casser. La lecture de l’heure est enseignée d’une manière plus pratique, en reliant le temps aux activités de la vie quotidienne. Les enfants chantent une comptine qui décrit les différents moments de leur routine quotidienne et qu’ils peuvent associer au temps : « Je me réveille, je me lave le visage et je demande du thé à ma mère et après je me prépare et je vais en classe… » Les enseignantes donnent de la vie et du sens au temps en liant l’horloge et le temps des repas afin que les enfants soient capables de réclamer de la nourriture à leurs parents trop occupés. Les enfants sont plus sensibles au temps pour leur discipline quotidienne. En d’autres termes, les enseignants donnent de la « vie » et du sens à l’heure.

Les parents sont informés par leurs enfants et les enseignantes de l’horaire de l’école maternelle, ou du moment où les enfants doivent se réveiller ou se préparer pour l’école. La plupart des parents possèdent un téléphone portable avec une horloge et ils sont sensibilisés par leurs enfants à utiliser l’heure de manière appropriée. D’ailleurs, ils ne réveillent plus leurs enfants des heures avant de partir pour l’école, les enfants s’endorment moins souvent pendant les cours et sont prêts pour le début de la classe. Les enfants rappellent gentiment à leur mère qu’il est l’heure d’aller chercher à manger afin que les parents toujours occupés n’oublient pas de les nourrir comme c’est souvent le cas. 

L’installation d’horloges en carton dans la classe a apporté une discipline utile pour une vie saine, au-delà de toute attente.

Stabilité dans la tourmente

Alors que les nouvelles parvenant d’Afghanistan étaient plutôt alarmantes vues de l’occident, Nai Qala poursuivait ses actions sur le terrain de façon presque routinière. 

Après presque quatre mois de changement politique et du départ de la communauté internationale, quels sont les impacts pour Nai Qala ?

Construction de bâtiments scolaires

La veille du renversement du gouvernement en place à Kaboul, Nai Qala marquait, tranquillement, la fin des travaux de l’école pour filles que l’association avait débuté en septembre de l’année précédente.  La petite cérémonie de clôture se déroula en présence des autorités locales et des futures bénéficiaires qui étaient à ce moment-là en période de vacances forcées pour cause de … pandémie. 

Après quelques semaines d’hésitation, les filles purent prendre possession des lieux alors que les autorités provinciales levaient l’interdiction qui avait été faite aux plus grandes d’entre elles d’étudier. Nai Qala profitait de la fermeture des écoles pour entreprendre des travaux de rénovations sur l’ancienne école du village afin de prévenir les infiltrations d’eau liées aux dures conditions hivernales prévalant dans la région. La nouvelle école et son ainée rénovée furent inaugurées mi-novembre devant un parterre constitué de centaines de filles, des représentants de la communauté locale et des nouvelles autorités provinciales. Les clés du nouveau bâtiment furent officiellement remises à la communauté. 

Et du côté du programme d’éducation préscolaire ?

Nai Qala gère un programme d’éducation préscolaire dans les provinces de Bamyan et de Daikundi. Les enfants, les 65 enseignantes, le personnel d’accompagnement et les communautés locales ont, là aussi, eu plus de difficultés à gérer les fermetures temporaires des classes due au Covid, et promulguées par le gouvernement central, que de s’inquiéter d’un changement politique. Les régions montagneuses du centre de l’Afghanistan où Nai Qala opère ont été largement ignorées par les gouvernements successifs de Kaboul au cours des 20 dernières années ; les populations rurales subissant une pauvreté extrême ne se sentent pas concernées par la politique : leur priorité est depuis toujours de nourrir leur famille. Bien sûr quelques enseignantes se sont posé la question de la pérennité de leur activité sous le nouveau régime. Aucune interdiction formelle de travailler ne leur a été notifiée et elles ont pu continuer à enseigner pour le plus grand plaisir des jeunes élèves. Comme tous les projets initiés par Nai Qala, le programme d’éducation préscolaire est défini, mis en place et activé en collaboration avec les communautés locales qui se l’approprient.

 
Quid des nouvelles autorités ?

Depuis toujours, Nai Qala a engagé des discussions avec les autorités en place. Tous les projets sont systématiquement approuvés par le ministère de l’éducation et le nouveau régime ne fait pas exception. Nai Qala a même eu l’occasion de recevoir un des tous premiers protocoles d’accord signé par le ministre de l’Éducation. Les autorités provinciales de Bamyan et Daikundi donnent des signaux favorables pour la poursuite des activités éducatives pour tous, en autorisant par exemple filles et garçons à étudier, quel que soit leur âge.

Un avenir envisagé sereinement

Depuis le début, Nai Qala a développé une approche basée sur l’engagement des communautés. Les autorités locales et la population sont toujours incluses dans la définition des projets, ce qui les encourage à se sentir reconnues, respectées et impliquées. La fierté des populations à participer à l’élaboration et la mise en œuvre des projets explique pourquoi la douzaine d’écoles et le dispensaire que nous avons construits sont toujours en fonction et sont maintenus en bonnes conditions. Les autorités locales et la population se sont approprié les projets et protègent ce que Nai Qala a réalisé et construit avec le soutien des donateurs. Les populations locales vont continuer à protéger les constructions et les projets dans cette nouvelle phase aussi. Bien qu’extrêmement pauvres et souvent illettrées, ces communautés sont profondément engagées pour l’éducation de leurs filles et garçons. 

À la suite de changements politiques, un petit moment d’observation est toujours nécessaire, mais rien ne changera la position des communautés engagées dans les projets de l’Association. L’Association maintient le cap et poursuit ses activités auprès des populations défavorisées. Nous ne comptons pas nous arrêter sur le succès des dernières constructions : nous nous sommes engagés récemment à bâtir une nouvelle école dans un village encore plus retiré, dans le district de Yakawlang. Les travaux devraient débuter à la fin de l’hiver, lorsque la météo sera plus clémente. Côté éducation préscolaire, nous sommes à la veille des vacances d’hiver. Avant la reprise des cours, au printemps, les 65 enseignantes des classes préscolaires et certains de leurs collègues du primaire prendront part à un séminaire pédagogique organisé pour renforcer leurs compétences. 

Des invités très spéciaux sur le terrain

Pour la première fois dans l’histoire de Nai Qala, un bailleur de fonds visite un de nos projets.

Depuis 2007, Nai Qala met en œuvre des projets dans des régions reculées du centre de l’Afghanistan. Depuis notre tout premier projet, la construction d’une école dans le village de Nai Qala, des centaines de donateurs, petits ou grands, ont effectué des dons pour soutenir notre travail et faire la différence auprès des communautés délaissées. En juin 2021, pour la première fois, l’un de nos partenaires les plus importants, l’Agence suisse de développement et de coopération (DDC), a visité certains de nos projets dans les régions reculées du centre de l’Afghanistan.  

Un donateur prêt à se rendre sur le terrain

La Suisse s’engage à améliorer l’accès de tous à une éducation de base de qualité en Afghanistan et est le partenaire principal du projet préscolaire de Nai Qala ; ce programme contribue à préparer les enfants à l’école primaire, augmentant ainsi considérablement leurs chances de réussite et réduisant le risque de décrochage scolaire. Depuis un peu plus d’une année, la coopération suisse au développement soutient notre projet d’éducation préscolaire dans la province de Daikundi et dans certaines des régions les plus reculées de la province de Bamyan, où de nombreux garçons et filles ne sont pas scolarisés. 

Au début de l’année 2021, Nai Qala a fait une présentation à la DDC sur les projets qu’elle soutient. La DDC a été positivement impressionnée par l’impact et l’importance de son soutien aux enfants, aux parents et aux communautés rurales. Elle a exprimé son profond désir et son intérêt à effectuer une visite sur le terrain et à voir de ses propres yeux les résultats des projets de l’association Nai Qala. Très honoré par la confiance et l’engagement de ses partenaires, Nai Qala a accepté le défi et a organisé une visite du projet pour 3 membres de l’équipe de la DDC à Kaboul.

Visite de classes préscolaires dans la province de Bamyan

A la fin du mois de juin, Nai Qala a emmené l’équipe de la DDC pour une visite de villages du district de Yakawlang où le projet est implémenté. L’objectif principal de la visite était le suivi du projet préscolaire mis en œuvre dans la province de Bamyan. La délégation a visité deux classes et a rencontré des enseignants et des parents. Ils ont eu l’occasion de constater les changements apportés par le programme préscolaire tant chez les enfants que dans les communautés. En effet, tous ont été très impressionnés :

« Lorsque nous avons visité les classes pré-primaires gérées par l’association Nai Qala […], nous avons été impressionnés de voir les compétences sociales que les enfants avaient développées. Un père plein de fierté nous a dit que sa fille comptait mieux que son frère aîné, qui est déjà à l’école primaire. Tous les parents nous ont dit que leurs enfants sont plus concentrés, plus respectueux envers les aînés et qu’ils font preuve d’une meilleure hygiène personnelle et de meilleures manières à table depuis qu’ils ont commencé à suivre les cours. Cela leur donne de bien meilleures chances de réussir à l’école et, venant de communautés souvent négligées, ces enfants ont besoin de tous les avantages qu’ils peuvent obtenir ».

Un sentiment de fierté

La présence de la délégation de la DDC a fait la fierté des communautés, car peu d’étrangers prennent le temps et le risque de se rendre chez elles. Elles n’auraient jamais imaginé avoir des hôtes d’une telle qualité, s’intéressant de surcroit à l’éducation de leurs enfants. Les gens ont besoin d’inspiration et cette visite a permis à ces communautés d’en trouver.

Tout aussi important, l’équipe de la DDC a fait aussi la fierté de Nai Qala, car cette visite sur le terrain n’avait pas pour seul but d’examiner où et comment les financements de la Suisse sont dépensés, mais aussi de se rendre compte dans quelles conditions l’association Nai Qala travaille et du niveau d’engagement requis pour s’assurer que nous atteignons chaque enfant pour lui fournir une éducation de base. Cette expérience restera une source d’inspiration et de motivation importante. Elle nous a donné un véritable élan de confiance.

Le difficile apprentissage des jouets

Jouer avec des jouets est une nouvelle expérience pour les enseignantes du préscolaire des communautés isolées

Le programme préscolaire de Nai Qala est conçu pour offrir aux jeunes enfants un éventail d’expériences les aidant à développer des compétences et à former des attitudes qui leur permettront de faire bon usage des possibilités d’apprentissage tout au long de leur vie ; c’est pourquoi le jeu est une composante importante du programme d’études. Cependant, le fait de jouer avec des jouets ne fait pas partie de la culture et n’est pas toujours compris dans les communautés isolées.

Les enseignantes ont été empruntées d’utiliser des jouets

Les enseignantes du district de Yakawlang qui enseignent depuis un an dans une classe de maternelle ont participé à un cours de perfectionnement de trois jours organisés par l’association Nai Qala ; ce fut l’occasion d’échanger leurs expériences et d’approfondir leurs connaissances sur la petite enfance et l’éducation. Pour l’équipe de Nai Qala, un tel atelier est également l’occasion de recueillir les commentaires des enseignantes sur l’année scolaire écoulée et d’obtenir des idées pour améliorer la formation des futures enseignantes. 

Une grande leçon tirée de ces trois jours est que le jeu et les jouets peuvent représenter des concepts abstraits parfois difficile à appréhender. Nous considérions comme acquis le fait de jouer avec des jouets de construction développe l’imagination et permet aux enfants de s’inspirer mutuellement, mais ce n’était pas le cas pour les enseignantes qui n’ont jamais eu, dans leur propre enfance, l’occasion de jouer avec des jouets « occidentaux ». En effet, les jouets de construction déroutent beaucoup d’enseignantes qui se sentent perdues et confuses ; dans certaines classes de maternelle, les briques Lego et les blocs de bois ont donc été laissés de côté.

Expérimenter pour comprendre le rôle des jouets

Quelques jours plus tard, Nai Qala a formé 33 jeunes femmes à l’enseignement préscolaire. Après avoir reçu une théorie sur le rôle du jeu dans le développement des enfants, les futures enseignantes ont eu la possibilité d’expérimenter quelques jeux de construction et de jouer par elles-mêmes. Il a été très touchant de voir ces jeunes femmes jouer avec des briques et des blocs. D’abord perplexes et se demandant quel était le sens et l’usage des différentes formes, elles ont fait appel à leur imagination, se sont enthousiasmées et ont laissé leur créativité s’exprimer à un point tel que les formatrices ont un peu perdu le contrôle de la classe. 

« J’ai toujours pensé que les jouets étaient juste pour l’amusement des enfants. Quelque chose de pas très important et sérieux. Mais j’ai découvert pendant la formation des enseignants que la session sur le jeu était l’une des plus importantes du cours. Des plots de en bois étaient à disposition et nous avons dû construire quelque chose. Il nous a fallu une heure pour réfléchir, discuter et imaginer une construction avec un sens. Puis j’ai réalisé que les blocs sont bien plus que des morceaux de bois, il y a quelque chose de plus profond. »
Un professeur d’école enfantine NQA dans la province de Bamyan.

Très fières de leurs propres réalisations, les stagiaires ont compris l’importance d’utiliser ces jouets pour les enfants. Amusement, excitation, joie, concentration, initiative, coordination, curiosité, créativité, inspiration, collaboration, persévérance sont autant de mots inspirés par leur temps de jeu. 

Fermeture des écoles en période de pandémie

La plupart des enfants n’ont reçu aucune instruction pendant au moins 9 mois.

Lors de leur dernier jour d’école avant les vacances d’hiver, en novembre 2019, aucun jeune afghan n’aurait pu imaginer que les écoles ne reprendraient pas au printemps suivant. En mars, lorsque les ministères de la santé et de l’éducation du pays ont annoncé la fermeture de tous les établissements scolaires, les enfants ont compris que les vacances d’hiver en cours seraient prolongées jusqu’à une date indéterminée pour contenir l’épidémie de coronavirus.

Le ministère de l’éducation a rapidement mis en place un plan d’urgence Covid-19 afin de poursuivre les prestations de services éducatifs aux élèves à domicile. Ce plan portait principalement sur l’enseignement à distance en utilisant la télévision, la radio ou le web, et sur l’enseignement en petits groupes pour les élèves.

Le Covid-19 a gravement affecté une culture de l’éducation déjà fragile en Afghanistan, en particulier dans les zones rurales

Les écoles afghanes étaient en crise avant la pandémie, mais la situation a empiré, de manière encore plus marquée dans les zones rurales. Avec 55 % de la population vivant sous le seuil de pauvreté, de nombreuses familles ne pouvaient tout simplement pas se permettre un accès à internet. Alors que seuls 14 % des Afghans utilisent internet, de fortes disparités sont constatées entre les zones urbaines et rurales.  La disponibilité de l’électricité a aussi un impact significatif sur l’accès à la télévision et à la radio. Dans les zones rurales éloignées où Nai Qala opère, une très petite partie de la population dispose d’une télévision alimentée par des batteries solaires. Pendant la fermeture des écoles, il n’était pas rare de voir des adolescents marcher plusieurs heures vers un centre urbain disposant d’un accès convenable à internet pour suivre le programme d’éducation du gouvernement. Certains enfants très motivés et soutenus par leurs parents, ont emménagé chez des proches en ville pour poursuivre leurs études. Malheureusement, ce ne fut le cas que pour une minorité ; la plupart n’ont pas eu d’accès à l’éducation pendant la fermeture de l’école.

Dans les zones rurales, où seulement 13 % des femmes et 45 % des hommes savent lire et écrire, de nombreux parents ne peuvent tout simplement pas aider leurs enfants à étudier. Et pour de nombreux parents, la fermeture des écoles a été considérée comme une aubaine économique. Les parents qui ne comprennent pas pleinement le rôle de l’éducation étaient plutôt satisfaits d’avoir leurs enfants à la maison et ont pu profiter davantage du temps libre de leurs enfants pour améliorer les revenus de la famille, en confectionnant des tapis ou en faisant de la broderie. Pendant cette période, les écoliers ont soutenu davantage leurs parents dans les tâches ménagères, dans les champs ou dans les pâturages. 

La réouverture des écoles est un signal encourageant

Fin août, le gouvernement a autorisé la réouverture des classes pour les élèves de 11ème et 12ème années. Cela a été un soulagement et une grande joie pour les adolescents plus âgés, en particulier pour les filles d’Anda qui ont pu, pour la première fois, profiter des installations de la nouvelle école que Nai Qala a construite pour elles en 2019. Dans un environnement déjà fragile où l’accès à l’éducation était déjà un défi, la pandémie pourrait encore aggraver la situation, mais le fait de bénéficier d’un environnement éducatif décent avec des bâtiments scolaires bien équipés est certainement une incitation à amener plus d’enfants à l’école et à les y retenir.

Depuis le début du mois d’octobre, les enfants de tous âges ont repris le chemin de l’école. Les écoles construites par Nai Qala ont retrouvé leur pleine capacité et comme le dit un ancien de la maternelle de Nai Qala qui vient de commencer l’école à Sokhtagi : « Je suis heureux d’être à l’école ».

Une ouverture en faveur de l’éducation préscolaire

Même les plus récalcitrants finissent par soutenir l’éducation préscolaire

L’Association Nai Qala a lancé son programme préscolaire dans la vallée de Nai Qala en 2017. L’objectif était d’assurer la préscolarisation de tous les enfants des villages du bassin de recrutement des 3 écoles que l’Association Nai Qala y avait construites entre 2007 et 2010.

Le personnel de l’association a convaincu 9 villages de participer au programme, mais le 10ème n’était pas du tout intéressé par le concept d’école maternelle. Les villageois n’ont pas voulu rencontrer l’équipe de Nai Qala ; ils n’étaient pas prêts et ne comprenaient pas l’utilité du programme. Lorsque la communauté locale a refusé de rencontrer l’équipe en 2017, il était bien sûr extrêmement difficile de quitter le village tout en sachant que de nombreux enfants se retrouveraient laissés pour compte et qu’un tel programme ne leur serait pas accessible. Ce fut un moment très triste…. 

Le programme préscolaire de Nai Qala a été un succès.

Nai Qala a démarré avec succès son programme dans les 9 premiers villages. Les parents et la communauté ont vite réalisé que le programme était encore meilleur qu’ils ne l’avaient imaginé. Les enfants sont rentrés à la maison avec de nombreux changements positifs : les parents ont remarqué que les enfants avaient amélioré leurs aptitudes sociales et qu’ils étaient davantage conscients de leur environnement et de leur famille ; qu’ils avaient acquis les concepts de salutations et de la politesse ainsi que des compétences de base en lecture et écriture à un très jeune âge. De leur côté, les enfants ont commencé à avoir davantage confiance en eux et à développer un sentiment d’identité et de fierté en participant aux réunions parents-enseignants qui font partie intégrante de notre programme préscolaire. 

La communauté change d’état d’esprit

Il ne fallut pas longtemps avant que le village récalcitrant entende de très bonnes choses sur le programme et comprenne de quoi il s’agissait. En particulier, la communauté a été convaincue par le fait que les parents soient en mesure d’apporter leur contribution en participant aux réunions parents-enseignants. Les villageois ont commencé à regretter leur réticence initiale à l’école maternelle et se sont sentis exclus. Ils ont observé et suivi de près comment le programme était mis en œuvre ailleurs, puis ils ont organisé plusieurs réunions et se sont organisés pour finalement, au printemps 2019, inviter l’équipe de Nai Qala au village et annoncer qu’ils étaient maintenant prêts à créer une classe préscolaire. 

Dans le cadre de notre programme préscolaire, nous embauchons habituellement une enseignante de la communauté pour enseigner aux enfants, mais dans le cas de ce village, il a été difficile de trouver quelqu’un sur place qui avait les qualifications requises pour être enseignant. Nous avons finalement rencontré une jeune femme qui n’avait obtenu qu’un diplôme de 8e année, mais avons décidé de l’embaucher et de la former pour qu’elle soit apte à diriger une classe.

Aujourd’hui, dans ce village, les parents sont présents aux soirées parents-enseignant et réalisent l’importance de l’éducation. Cette histoire montre que la communauté elle-même, une fois convaincue par le programme, l’a bien accueilli. C’est la clé du changement ! Toute société ne se développera que lorsqu’elle sera elle-même convaincue et prête. Ensuite, elle participera pleinement au programme qui se poursuivra avec succès. Notre programme préscolaire est communautaire et la participation active des villageois est cruciale.

Nous sommes très fiers de participer à un changement aussi durable dans ces régions rurales éloignées. C’est grâce à l’Association Nai Qala que ce village et d’autres comme lui se sont ouverts à la vision de l’éducation et à son importance pour l’avenir des enfants.

Une nouvelle école pour de meilleures opportunités

La 11ème école de l’Association Nai Qala améliorera les conditions d’apprentissage de plus de 300 enfants.

Le 23 novembre 2019, les clés de l’école d’Anda ont été remises officiellement au directeur de l’école. L’objectif du projet de Nai Qala a été pleinement atteint, celui de remettre à la communauté une nouvelle école bien équipée qui favorise l’accès à une éducation de qualité et améliore les possibilités d’apprentissage pour plus de 300 filles et garçons en âge scolaire. 

La nouvelle école du village d’Anda permettra aux enseignants et aux élèves de bénéficier d’installations et d’équipements adéquats qui créent un environnement de travail et de loisirs propice à l’étude et au développement personnel de chacun.

Un impact direct sur le programme scolaire

Dans les régions montagneuses du centre de l’Afghanistan, les écoles en plein air sont obligées de fermer tôt et pendant de longues périodes en raison de fortes chutes de neige ou de pluie, ce qui compromet l’achèvement du programme scolaire annuel. En Afghanistan, l’école commence habituellement en avril et se termine en novembre, mais pour de nombreuses écoles qui n’ont pas de bâtiment approprié, le programme peut commencer seulement en mai ou en juin. Il en sera de même à la fin de l’année, si l’hiver arrive plus tôt que d’habitude, ces écoles s’arrêteront déjà en octobre, ce qui rendra très difficile pour les enseignants et les élèves de terminer le programme annuel.  La nouvelle école d’Anda est prête à être utilisée par les enfants qui ont étudié jusqu’à présent sous la pluie, la neige, la chaleur du soleil ou sous le vent, assis sur un sol souvent humide. Le nouveau bâtiment d’Anda, avec ses 6 salles de classe, permettra de respecter le plan annuel d’éducation quel que soit le temps.

Un nouveau pôle d’attraction

Un bâtiment scolaire représente une ouverture à de nouvelles opportunités pour la communauté d’Anda. Avec une construction correcte, la communauté peut demander en toute confiance au gouvernement et aux ONG un soutien éducatif. Un bâtiment est une garantie que le matériel peut être conservé et entretenu avec soin. Les ONG et le gouvernement sont plus enclins à apporter plus de livres, de papeterie, de matériel scientifique ou d’équipement. L’expérience d’autres écoles a également montré qu’une nouvelle école n’est pas seulement un encouragement pour les enfants, mais aussi pour les enseignants qui, en l’absence d’une école appropriée, affichent un absentéisme élevé et une tendance à quitter leur emploi. Une école bien établie est donc une motivation pour les organisations gouvernementales et non gouvernementales à l’inclure dans leurs programmes de développement et à assurer la formation et le soutien des enseignants.

Effets inattendus de la construction

L’école d’Anda a réuni une communauté très traditionnelle et divisée qui n’a jamais pu bénéficier d’un projet de développement concret. Pendant un an, Nai Qala s’est activement engagé avec eux, les a responsabilisés et encouragés. Pour la première fois, la communauté d’Anda a travaillé ensemble sur un objectif commun dont chacun a pu bénéficier avant, pendant et après les travaux de construction. Lors de l’inauguration, les clés du bâtiment ont été remises au directeur de l’école en présence de la communauté qui a créé un comité de pilotage pour la protection et l’entretien de l’édifice. La viabilité de l’école dépend de la participation de toutes les parties prenantes, des autorités régionales, de la communauté, des parents, des enseignants et des élèves. L’école d’Anda fait désormais partie intégrante du plan national d’éducation et bénéficiera, à l’avenir, d’une gestion dans le cadre de la norme définie par le Ministère de l’éducation.