Protéger les enfants de la violence

Plus de 200 enseignants sensibilisés à la prévention de la violence envers les enfants

Depuis 2017, Nai Qala dispense un programme préscolaire (école enfantine). Débuté avec 3 classes, le programme cible actuellement 90 classes touchant près de 2000 enfants dans 3 provinces. Nai Qala s’assure de la formation des enseignantes et la prise en charge de leur salaire, et équipe les classes du matériel adéquat pour accueillir et instruire les enfants. L’association assure un suivi régulier des classes et évalue le projet tout au long de l’année scolaire. L’impact du programme est tangible ; par les compétences scolaires et sociales acquises, les enfants sont prêts à commencer le cycle primaire, et leurs parents sont plus enclin à les envoyer à l’école.

Au cours des 5 dernières années, de nombreuses améliorations ont été amenées au projet. Pendant leur formation initiale et lors des séminaires de mise à niveau, les enseignantes du préscolaire acquièrent des compétences en matière de santé, nutrition et hygiène et améliorent leurs capacités pédagogiques. La sensibilisation des parents à ces thèmes fait partie intégrante du cahier des charges des enseignantes.

Le corps enseignant du primaire n’est pas prêt

Le travail en étroite collaboration avec les enseignantes du préscolaire et les communautés locales a mis en lumière des comportements délétères au bien-être des enfants et a incité Nai Qala à mettre l’accent sur les droits de l’enfant dans la formation des enseignantes. La mise en œuvre du projet a permis d’améliorer la compréhension des droits de l’enfant et leur protection au sein des communautés. Toutefois, l’évaluation du programme préscolaire a mis en évidence une lacune importante lorsque les jeunes bénéficiaires commencent l’école primaire et sont confrontés à des comportements inadaptés de la part de leur enseignant.

En Afghanistan, les coups et autres formes d’agression sont souvent considérés comme une pratique normale pour discipliner et éduquer les enfants. Le corps enseignant n’est malheureusement pas conscients des effets néfastes d’une telle violence sur les capacités des enfants et sur leur bien-être futur, et ne connaissent pas d’autres méthodes pour maintenir la discipline et inciter les élèves à étudier. La croyance selon laquelle « les bonnes manières ne s’apprennent pas sans coups » est bien ancrée.

Pour les victimes de violence, l’école peut devenir une épreuve plutôt qu’une opportunité. La promesse et le potentiel de l’éducation et l’enthousiasme de la découverte et de l’apprentissage sont sapés par la douleur, le traumatisme et la peur. L’expérience de la violence à l’école est une cause de décrochage scolaire.

Sensibiliser et renforcer les capacités des enseignants

Pour combler les lacunes du corps enseignant, Nai Qala a mis en place un programme de prévention de la violence. L’association a convié les instituteurs, les institutrices, et la direction des écoles primaires auxquelles sont rattachées les classes préscolaires. Ce sont ainsi plus de 130 enseignants issus d’une soixantaine d’écoles primaires des provinces de Bamyan, Daikundi et Ghazni qui ont participé à une semaine de formation au côté des 90 enseignantes des classes préscolaires de Nai Qala.

Au programme, rafraichissement des connaissances sur le développement et les besoins de l’enfant, psychologie, introduction à la conduite de classe positive, pédagogie et mise en place de stratégies pour prévenir la violence dans les écoles. Les enseignantes du préscolaire ont été des participantes actives, inspirant les enseignants du primaire et partageant leur expérience.

Le programme de prévention de la violence s’étend sur l’année scolaire et comprend plusieurs modules de formation et un suivi sur site par du personnel formé à cet égard. Chaque établissement primaire a mis en place un plan d’action. Après quelques semaines, des changements sont concrets. La plupart des écoles ont déjà sensibilisé les enseignants qui n’étaient pas présents lors de la formation à la problématique. Certains directeurs d’établissement se sont coordonnés pour définir un calendrier en lien avec des objectifs d’apprentissage, une lacune et source de stress pour les enseignants. D’autres établissement ont invité les parents à une séance d’information. Des enseignants ont mis en place en place avec leurs élèves une charte de bonne conduite en classe. De façon plus personnelle, nombreux ont été les participants qui ont remis en question leur comportement en tant qu’enseignant … et aussi en tant que parent. 

Dans la continuité du programme déjà mis en place depuis quelques années, les enseignantes des classes préscolaires gérées par Nai Qala appliquent la pédagogie positive en classe et incitent les parents à adopter un comportement bienveillant.

Briser les schémas de la violence

Les écoles sont particulièrement bien placées pour dispenser une éducation de qualité et offrir aux enfants la possibilité de cultiver leur talent créatif et leur esprit critique, d’acquérir des compétences pratiques, de développer leur estime de soi et leurs relations sociales, et de grandir dans la dignité en tant qu’individus. Les écoles peuvent également servir de ressources importantes pour le développement et la diffusion des valeurs de non-violence, de coopération, de tolérance et de respect, non seulement parmi les élèves et le corps enseignant mais aussi au-delà, dans les familles et la communauté au sens large.

L’éducation dispose d’un potentiel unique pour créer un environnement où les attitudes tolérant la violence peuvent être modifiées et où les comportements non violents peuvent être appris. Dès le plus jeune âge, les écoles et les enseignants sont bien placés pour briser les schémas de violence et apporter des compétences en matière de communication, de négociation et de soutien à des solutions pacifiques aux conflits. Les enseignants sont des acteurs respectés au sein des communautés et sont habilités à transmettre le message aux parents et à l’ensemble de la communauté.