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Protéger les enfants de la violence

Plus de 200 enseignants sensibilisés à la prévention de la violence envers les enfants

Depuis 2017, Nai Qala dispense un programme préscolaire (école enfantine). Débuté avec 3 classes, le programme cible actuellement 90 classes touchant près de 2000 enfants dans 3 provinces. Nai Qala s’assure de la formation des enseignantes et la prise en charge de leur salaire, et équipe les classes du matériel adéquat pour accueillir et instruire les enfants. L’association assure un suivi régulier des classes et évalue le projet tout au long de l’année scolaire. L’impact du programme est tangible ; par les compétences scolaires et sociales acquises, les enfants sont prêts à commencer le cycle primaire, et leurs parents sont plus enclin à les envoyer à l’école.

Au cours des 5 dernières années, de nombreuses améliorations ont été amenées au projet. Pendant leur formation initiale et lors des séminaires de mise à niveau, les enseignantes du préscolaire acquièrent des compétences en matière de santé, nutrition et hygiène et améliorent leurs capacités pédagogiques. La sensibilisation des parents à ces thèmes fait partie intégrante du cahier des charges des enseignantes.

Le corps enseignant du primaire n’est pas prêt

Le travail en étroite collaboration avec les enseignantes du préscolaire et les communautés locales a mis en lumière des comportements délétères au bien-être des enfants et a incité Nai Qala à mettre l’accent sur les droits de l’enfant dans la formation des enseignantes. La mise en œuvre du projet a permis d’améliorer la compréhension des droits de l’enfant et leur protection au sein des communautés. Toutefois, l’évaluation du programme préscolaire a mis en évidence une lacune importante lorsque les jeunes bénéficiaires commencent l’école primaire et sont confrontés à des comportements inadaptés de la part de leur enseignant.

En Afghanistan, les coups et autres formes d’agression sont souvent considérés comme une pratique normale pour discipliner et éduquer les enfants. Le corps enseignant n’est malheureusement pas conscients des effets néfastes d’une telle violence sur les capacités des enfants et sur leur bien-être futur, et ne connaissent pas d’autres méthodes pour maintenir la discipline et inciter les élèves à étudier. La croyance selon laquelle « les bonnes manières ne s’apprennent pas sans coups » est bien ancrée.

Pour les victimes de violence, l’école peut devenir une épreuve plutôt qu’une opportunité. La promesse et le potentiel de l’éducation et l’enthousiasme de la découverte et de l’apprentissage sont sapés par la douleur, le traumatisme et la peur. L’expérience de la violence à l’école est une cause de décrochage scolaire.

Sensibiliser et renforcer les capacités des enseignants

Pour combler les lacunes du corps enseignant, Nai Qala a mis en place un programme de prévention de la violence. L’association a convié les instituteurs, les institutrices, et la direction des écoles primaires auxquelles sont rattachées les classes préscolaires. Ce sont ainsi plus de 130 enseignants issus d’une soixantaine d’écoles primaires des provinces de Bamyan, Daikundi et Ghazni qui ont participé à une semaine de formation au côté des 90 enseignantes des classes préscolaires de Nai Qala.

Au programme, rafraichissement des connaissances sur le développement et les besoins de l’enfant, psychologie, introduction à la conduite de classe positive, pédagogie et mise en place de stratégies pour prévenir la violence dans les écoles. Les enseignantes du préscolaire ont été des participantes actives, inspirant les enseignants du primaire et partageant leur expérience.

Le programme de prévention de la violence s’étend sur l’année scolaire et comprend plusieurs modules de formation et un suivi sur site par du personnel formé à cet égard. Chaque établissement primaire a mis en place un plan d’action. Après quelques semaines, des changements sont concrets. La plupart des écoles ont déjà sensibilisé les enseignants qui n’étaient pas présents lors de la formation à la problématique. Certains directeurs d’établissement se sont coordonnés pour définir un calendrier en lien avec des objectifs d’apprentissage, une lacune et source de stress pour les enseignants. D’autres établissement ont invité les parents à une séance d’information. Des enseignants ont mis en place en place avec leurs élèves une charte de bonne conduite en classe. De façon plus personnelle, nombreux ont été les participants qui ont remis en question leur comportement en tant qu’enseignant … et aussi en tant que parent. 

Dans la continuité du programme déjà mis en place depuis quelques années, les enseignantes des classes préscolaires gérées par Nai Qala appliquent la pédagogie positive en classe et incitent les parents à adopter un comportement bienveillant.

Briser les schémas de la violence

Les écoles sont particulièrement bien placées pour dispenser une éducation de qualité et offrir aux enfants la possibilité de cultiver leur talent créatif et leur esprit critique, d’acquérir des compétences pratiques, de développer leur estime de soi et leurs relations sociales, et de grandir dans la dignité en tant qu’individus. Les écoles peuvent également servir de ressources importantes pour le développement et la diffusion des valeurs de non-violence, de coopération, de tolérance et de respect, non seulement parmi les élèves et le corps enseignant mais aussi au-delà, dans les familles et la communauté au sens large.

L’éducation dispose d’un potentiel unique pour créer un environnement où les attitudes tolérant la violence peuvent être modifiées et où les comportements non violents peuvent être appris. Dès le plus jeune âge, les écoles et les enseignants sont bien placés pour briser les schémas de violence et apporter des compétences en matière de communication, de négociation et de soutien à des solutions pacifiques aux conflits. Les enseignants sont des acteurs respectés au sein des communautés et sont habilités à transmettre le message aux parents et à l’ensemble de la communauté.

Reflexions autour de la journée de la Femme

Quelques réflexions sur la Journée internationale de la femme par Taiba Rahim, présidente de l’Association Nai Qala

Le 8 mars, des millions de personnes à travers le monde ont célébré la Journée internationale de la femme. Alors que c’était également le cas au cours des décennies précédentes, les célébrations se limitaient auparavant à quelques grandes villes d’Afghanistan, mais aujourd’hui, c’est un phénomène national, y compris dans les zones rurales.

En ce jour, un magnifique souvenir de ma mère me vient également à l’esprit. Elle était tout aussi courageuse que mon père.  Il y a 45 ans, elle a été honorée par la municipalité locale et a reçu un prix pour avoir fait en sorte que ses 5 fils et 4 filles aillent à l’école ; c’était très inhabituel en Afghanistan à l’époque. 

Je n’oublie jamais son humilité en recevant un bouquet de fleurs et une broche en argent. Cela m’a rendu fière et m’a inspirée quand j’étais petite fille. Des années plus tard, j’ai fondé l’association Nai Qala, qui se consacre à l’éducation des jeunes filles. Nous contribuons à ce changement de culture et de conscience. 

Bien qu’il reste de nombreux défis à relever, les filles sont désormais plus nombreuses à aller à l’école en Afghanistan, les femmes sont plus nombreuses à poursuivre une carrière et les hommes sont plus nombreux à être conscients du rôle important des femmes dans la société. Ils se tiennent plus fermement aux côtés de leurs sœurs, de leurs mères et de leurs épouses. 

Je suis très fière d’être témoin d’un tel changement et espérons que cette journée apportera une plus grande prise de conscience et contribuera à une meilleure compréhension du rôle des femmes dans notre société. C’est un honneur et un privilège d’observer et de participer à un tel changement ! 

Promouvoir les droits de l’enfant – Projet de quiz scolaire de Bamyan

Nai Qala a eu le grand honneur de s’associer à l’Unicef à Bamyan pour commémorer le 30ème anniversaire de l’adoption de la Convention relative aux droits de l’enfant.

Nai Qala est fermement convaincue que chaque enfant a des droits fondamentaux. Au cours de la dernière décennie, nous avons apporté un soutien spécifique aux enfants par le biais de nos projets éducatifs : construction d’écoles, création de centres préscolaires, préparation des élèves à l’université, tutorat et programmes de formation des enseignants. Nai Qala reconnaît que les enfants seront les futurs acteurs du changement et dans cet esprit, il est de la plus haute importance que leurs droits soient reconnus.

Mettre le droit des enfants au premier plan dans la province de Bamyan

Ce fut une grande fierté pour Nai Qala de travailler avec l’Unicef sur un projet visant à mettre les droits de l’enfant au premier plan dans la province de Bamyan et à faire progresser leur diffusion. 

Une équipe de responsables du projet de Nai Qala était chargée d’expliquer le droit des enfants à l’école aux élèves de la septième à la neuvième année, de distribuer des brochures et d’organiser des questionnaires dans les écoles. Le programme a été mis en œuvre avec succès dans 8 districts, couvrant 25 écoles publiques et 6 centres d’apprentissage accéléré pour les enfants âgés de 13 à 15 ans. Une brochure d’information expliquant les droits de l’enfant a été distribuée à 2’500 enfants qui en étaient les bénéficiaires directs. De plus, chacun des 2’500 livrets a été rapporté chez lui par les étudiants à leurs familles, élargissant ainsi le cercle des bénéficiaires indirects.

Lors de l’assemblée matinale de chaque école, on a demandé aux élèves de la 7e à la 9e année de lire le fascicule à haute voix devant tous leurs camarades, du primaire au secondaire. Le message de la Convention relative aux droits de l’enfant a ainsi pu atteindre le plus large public possible. Pour 25 écoles, on estime à 12 500 le nombre total d’élèves qui ont appris l’existence de la convention. Au total, plus de 25’000 personnes ont été sensibilisées directement ou indirectement aux droits de l’enfant.

Un quiz spécialement développé sur ce sujet a ensuite été organisé dans chaque école pour les enfants âgés de 13 à 15 ans. Le gagnant du concours scolaire local a eu la chance de passer à l’étape suivante et de participer à un concours au niveau du district, la clé d’entrée pour la grande finale dans la ville de Bamyan. L’équipe de Nai Qala a été très touchée de voir le grand enthousiasme de tous les enfants qui ont travaillé sans relâche pour remporter la compétition.

Des conditions difficiles mais une forte motivation

L’équipe de projet de Nai Qala s’est déplacée dans les régions les plus isolées de la province, sous la pluie et la neige. Parfois, les chargés de projet devaient se déplacer à pied car les routes étaient boueuses ou verglacées et il était tout simplement impossible de voyager en voiture, mais l’équipe persévérait et restait déterminée. Il aurait pu y avoir des dizaines de raisons pour ne pas mettre en œuvre ce projet dans des zones difficiles…. 

Le but du projet était certainement la meilleure motivation pour un tel engagement de l’équipe. Les agents de terrain ont accepté et surmonté ces difficultés et ont relevé le défi parce qu’ils étaient convaincus des avantages de sensibiliser davantage les jeunes au droit des enfants.

S’appuyer sur le savoir-faire de Nai Qala pour promouvoir les droits de l’enfant

Au cours de toutes ces années, l’Association Nai Qala a créé un réseau solide dans les communautés avec une bonne réputation et a réussi à gagner leur confiance. Notre succès dans ce projet est d’autant plus admirable que nous devons souligner que nous l’avons présenté à des communautés traditionnelles qui étaient généralement moins réceptives aux nouvelles idées. Il a fallu la diplomatie et la patience de notre équipe pour les guider.

Les membres de l’équipe du projet ont pris le temps de discuter dans le respect des communautés locales et ont réussi à encourager les enfants à prendre part à la compétition. D’ailleurs, les enfants de ces communautés isolées ont été parmi les gagnants du concours dans le district et leurs fiers parents les ont accompagnés à Bamyan.

Une grande finale

Nai Qala est très fier d’avoir mis en œuvre avec succès le projet de l’Unicef et a été particulièrement heureux d’honorer ce programme à l’occasion de la Journée Mondiale de l’Enfance, à Bamyan, où se sont tenues les finales du quiz des droits des enfants et dont les gagnants ont été, 3 filles et 3 garçons. La cérémonie a été un événement très médiatisé auquel ont participé de nombreux représentants officiels respectés de l’Unicef et des autorités locales, mais surtout plus de 400 enfants, parents, enseignants et directeurs d’écoles de toutes les régions de la province. Ce fut un honneur de les accueillir tous à un si bel événement et c’est particulièrement louable pour ceux qui sont venus des régions les plus reculées, malgré la pluie et la neige sur des routes qui étaient déjà difficiles à emprunter faute d’infrastructures adéquates. Beaucoup d’entre eux ont parcouru de telles distances et ont quitté leur village pour la toute première fois.

Nous avons été particulièrement touchés de voir les parents encourager leurs enfants et les enseignants encourager leurs élèves non seulement pendant les finales mais pendant toute la durée du projet. 

Nous tenons à remercier l’Unicef pour son partenariat avec l’Association Nai Qala et pour la confiance qu’elle nous a accordée.

Faciliter, promouvoir et faire la démonstration des droits de l’homme

Nai Qala contribue à l’amélioration de la situation des droits humains en Afghanistan

La capacité de l’État afghan à fournir des services essentiels comme l’éducation et les soins de santé et à respecter, protéger et réaliser les droits humains a ses limites. Les zones rurales isolées ont été traditionnellement négligées par les administrations centrales successives de Kaboul et aujourd’hui, ces communautés isolées ressentent particulièrement l’absence d’une réponse forte de l’État. L’absence d’infrastructures et d’institutions de base, telles que les écoles et les dispensaires, compromet la capacité de l’État à assurer un bon niveau de santé et d’éducation. Les écoles et les cliniques, là où elles existent, sont difficiles d’accès pour la plupart des gens. Le personnel de ces institutions est souvent peu formé et peu motivé. Peu d’employés formés acceptent de travailler dans des régions éloignées où les conditions de vie peuvent être difficiles. Il n’est pas surprenant que de nombreuses personnes aient quitté le pays pour tenter d’améliorer leurs conditions de vie ailleurs, et cet exode rural constant aggrave la situation pour ceux qui restent, car il affaiblit le tissu social de ces communautés.

Les femmes et les filles sont toujours privées de leurs droits fondamentaux, confrontées à de multiples restrictions et discriminations, à des abus et à diverses formes de violence, tandis que les efforts visant à améliorer la condition de la femme se heurtent à une opposition constante. Les rôles des femmes et leur potentiel en tant que contributrices au développement social et économique sont encore insuffisamment pris en compte.

 Droit à l’éducation

L’éducation est un droit de l’homme, inscrit dans la Déclaration universelle des droits de l’homme et dans la Convention des Nations Unies relative aux droits de l’enfant. Chaque fille et chaque garçon devrait avoir droit à une éducation de qualité afin d’avoir plus de chances dans la vie, y compris des débouchés professionnels, une meilleure santé et également de participer au processus politique. Une éducation de base est également importante pour garantir que tous les individus soient conscients de leurs droits.

En Afghanistan, 28 % des enfants d’âge scolaire ne sont pas scolarisés et seulement 18 % des filles de 15 ans et plus sont lettrées. Notre travail sur les causes profondes de la faible fréquentation ou de l’absence de fréquentation scolaire des enfants, en particulier des filles, permet de remédier à l’absence de conditions d’apprentissage décentes telles que l’absence de bâtiments scolaires adéquats, la faible qualification des enseignants, l’absence d’installations sanitaires (surtout pour les filles menstruées), l’absence de mur de séparation, tout en empêchant en même temps les enfants d’abandonner l’école, en menant des entretiens de motivation avec leurs parents et la communauté, en proposant des cours pré-primaire, en réduisant la distance qui les sépare des écoles dans les régions rurales reculées.

Droit à la santé

De même que pour l’éducation, la santé est un droit de l’homme inscrit dans la Déclaration universelle des droits de l’homme, dans la Convention des Nations Unies relative aux droits de l’enfant, ainsi que dans le Pacte international relatif aux droits économiques, sociaux et culturels. Le droit de tout individu à la santé signifie que chacun a droit au meilleur niveau de santé physique et mentale possible, ce qui inclut l’accès à tous les services médicaux, aux installations sanitaires, à une alimentation suffisante, à un logement décent, à des conditions de travail salubres, et a un environnement propre.

Alors qu’en Afghanistan, 91 enfants sur 1000 meurent avant leur cinquième anniversaire, nous nous efforçons d’améliorer les conditions sanitaires en installant un centre de santé (dispensaire) qui améliore la santé des femmes et des enfants, et la couverture vaccinale et fournit les soins de base à une population de plus de 20’000 habitant-e-s. Les enseignants de Nai Qala ont reçu une formation sur les principes d’hygiène de base ; ils transmettent le message à leurs élèves et les jeunes qui participent aux cours d’éducation préscolaire apprennent pourquoi et comment se laver les mains. Plusieurs initiatives de jardinage sont encouragées pour améliorer l’état nutritionnel de toute la famille.

Donner aux gens les moyens d’exercer leurs droits

Si l’objectif principal de nos enseignants est d’enseigner aux enfants, nous voulons aussi saisir l’occasion d’aider les communautés à comprendre le concept des droits humains, ou pourquoi il est important de remettre en question les conceptions anciennes et encourager la formation des filles. Nous voulons que nos enseignants abordent des questions telles que l’éducation, la santé et l’égalité avec les anciens du village et d’autres personnes. Il faut du temps pour que les gens acceptent de nouvelles idées, mais ils ont montré un intérêt surprenant jusqu’à présent.

L’égalité des sexes, consacrée par l’article premier de la Déclaration universelle des droits de l’homme, est au cœur des activités de Nai Qala. La vision de Nai Qala est  » Une société éduquée, en bonne santé et bien équilibrée dans laquelle les femmes et les hommes mènent les changements sociaux, culturels et économiques d’une manière inclusive qui permet à leurs enfants – garçons et filles – de s’épanouir « . Notre chemin pour réaliser notre vision est inclusif, en convaincant patiemment les aînés, les pères, les hommes. Notre objectif est d’induire de petits changements dans la société en développant les capacités, les opportunités et les ressources des communautés locales afin que les hommes, les femmes, les garçons et les filles puissent participer sur un pied d’égalité à la vie et aux décisions familiales et élargir leurs domaines d’opportunités. Nous encourageons la participation des femmes dans la société, au même titre que les hommes, dans la prise de décisions sur les questions qui les concernent, comme l’éducation de leurs enfants, la santé de tous les membres de la famille et le revenu économique familial, ainsi que la participation de la communauté entière aux décisions collectives telles que la construction, l’utilisation et la gestion des écoles locales ou du dispensaire.

Les droits de l’homme sont interdépendants, indivisibles et intimement liés. Cela signifie que la violation du droit à la santé peut entraver l’exercice d’autres droits de l’homme, tels que le droit à l’éducation ou le droit au travail, et vice versa. Sans éducation, il est moins probable de trouver un emploi bien rémunéré et un logement décent, de participer au processus démocratique ou de reconnaître la valeur de l’éducation pour les générations futures. Selon la Banque mondiale, il est prouvé que les citoyens instruits se soucient davantage de l’environnement, sont plus tolérants envers ceux qui sont différents et sont plus enclins à lutter pour l’égalité des sexes. Grâce à ses initiatives éducatives et à ses actions axées sur la santé, toutes soutenues par une approche inclusive, Nai Qala s’efforce de réduire les inégalités et de promouvoir les droits de l’homme.

Egalité des genres

Les actions de Nai Qala visent à réduire les inégalités entre les genres.

Alors que le monde a progressé vers plus d’égalité des genres et l’autonomisation des femmes, les femmes et les filles continuent d’être victimes de discrimination dans toutes les régions d’Afghanistan. Le taux d’alphabétisation des jeunes femmes ne s’élève qu’à 57% de celui des jeunes hommes[1].  Les indices de fréquentation scolaire montrent, également et sans ambiguïté, des disparités entre les sexes, qui diminuent en fonction du niveau d’éducation (47.6% des filles fréquentent le primaire, 23.7% fréquentent le secondaire et 5.2 fréquentent l’enseignement supérieur). La part des femmes afghanes dans l’économie ne représente qu’un tiers de celle des hommes, et les indices du chômage et de la proportion de jeunes hors du système éducatif ou formatif, et sans emploi montrent une position très défavorisée des femmes sur le marché du travail.

Le fossé entre les sexes, autant dans l’éducation que l’économie, suggère que les obstacles culturels empêchent d’exploiter le potentiel de développement des filles et des femmes dans la société afghane et qu’ils restreignent leur accès à l’éducation et au marché du travail. Afin de remédier à ce déséquilibre, Nai Qala a placé l’égalité des sexes au cœur de tous ses projets. La vision de Nai Qala est une société éduquée, saine et équilibrée dans laquelle les femmes et les hommes mènent des changements sociaux, culturels et économiques d’une manière inclusive qui permet à leurs enfants – garçons et filles – de prospérer, en se concentrant sur les parties négligées de l’Afghanistan.

Faciliter l’accès à des services d’éducation et de santé de qualité
De longues distances pour se rendre à l’école et une réticence à envoyer les enfants à l’école sont de loin les raisons les plus courantes de ne pas commencer l’école; de plus, la nécessité du travail des enfants et le manque de pertinence à poursuivre les études sont les raisons les plus importantes de mettre fin aux études, des constats soulignés par l’étude nationale sur les conditions de vie (ALCS, [1]). Afin de réduire les distances à parcourir, Nai Qala s’efforce de construire ou de rénover des écoles et d’améliorer la qualité de l’éducation dans les régions reculées. Des conditions d’apprentissage décentes et plus accessibles ainsi que de meilleurs services éducatifs sont une grande motivation pour les enfants à aller ou retourner à l’école. L’école de Katawaie illustre parfaitement l’impact d’un nouveau bâtiment sur l’inscription des enfants à l’école: après son inauguration, l’école de Katawaie a été victime de son propre succès puisque le nombre de filles a augmenté de 25% et que de nouvelles classes ont dû être ouvertes dans la cour de l’école. Un impact similaire a été constaté à Zeera Gag où initialement l’école a été construite pour 520 filles mais où on  en dénombre de 650 aujourd’hui.

L’une des conclusions les plus importantes de l’ALCS est que le principal problème du système éducatif afghan n’est pas tant la rétention et l’abandon, mais surtout le commencement de l’école. Nai Qala a mis en place des cours d’éducation de la petite enfance dans deux villages et prévoit d’en ouvrir de nouveaux. Les cours d’éducation de la petite enfance aident non seulement les garçons et les filles à développer leur imagination, leurs talents et leur confiance dès le plus jeune âge, mais leur apprennent aussi à jouer ensemble, de manière inclusive, comme une habitude normale. Les attitudes, les comportements et les expériences nouvellement acquis chez les jeunes enfants contribuent à leur réussite scolaire à long terme et réduisent les taux d’abandon scolaire. Le programme de la petite enfance met également l’accent sur les mères, en les impliquant activement dans la classe. Un tel programme a un impact particulier sur la famille. Les mères développent leur confiance et, plus important encore, une conscience de la façon dont elles peuvent éduquer leurs jeunes enfants pour contribuer à un environnement familial plus sain.

Selon l’ALCS, 70% des femmes qui ont eu un bébé en Afghanistan au cours des cinq dernières années ont eu au moins un examen prénatal. Cependant, seulement 16 pour cent ont reçu quatre examens prénataux, le nombre recommandé par l’organisation mondiale de la santé pour les grossesses normales. Encore une fois, la distance jusqu’à un centre de santé peut être un facteur contribuant à la faible utilisation des services de santé, mais ce n’est pas le seul. Les hommes ayant des problèmes de santé peuvent se rendre en ville pour se faire soigner dans un hôpital, mais la situation des femmes malades ou enceintes est plus difficile. Une femme malade doit être accompagnée à l’hôpital par une femme et par un parent masculin. Certains problèmes de santé nécessitent un séjour prolongé à l’hôpital et certains nécessitent un suivi médical pendant des mois. De plus, les familles sont souvent réticentes à payer des frais d’hospitalisation prolongée. Par conséquent, les femmes ne se rendent tout simplement pas dans des hôpitaux éloignés. Considérant ce fait, Nai Qala Association a construit un centre de santé de base, à Nawur. Le pourcentage de naissances assistées par du personnel de santé qualifié augmente chaque année; pour la seule année 2017, 126 bébés ont vu le jour, en toute sécurité, dans le centre de santé de Nawur. Le dispensaire profite à 20’000 personnes et a transformé les conditions de santé et les habitudes d’hygiène dans la région, tant pour les femmes que pour les hommes.

Mener le changement en donnant l’exemple
L’Association Nai Qala vise à contribuer au changement culturel en Afghanistan. La présidente de l’organisation, Taiba Rahim, est un modèle dans un pays où le leadership féminin est encore rare [2]. Montrer aux filles que le changement est possible et que les femmes ont un rôle important à jouer est crucial pour l’avenir du pays. Il y a une plus grande participation féminine dans les projets de Nai Qala que dans tout autre projet similaire dans la région. Les femmes ont vu que les projets de Nai Qala sont proposés et menés par une des leurs, ce qui fait toute la différence pour elle. La force nouvellement acquise et la confiance en soi ont incité les femmes du village reculé de Sokhtagi à créer un conseil des femmes, le tout premier conseil des femmes non seulement dans le district, mais certainement aussi dans toute la province.

Tous les employés locaux de Nai Qala reçoivent une formation sur les droits de l’homme et l’égalité des genres. Chaque membre du personnel incarne les valeurs de l’organisation par l’exemplarité de sa pratique et de ses actions, au bureau et sur le terrain. Les enseignants-formateurs sont devenus les meilleurs ambassadeurs de Nai Qala pour promouvoir l’éducation des filles, en discutant avec la communauté ou en motivant les parents en faisant du porte-à-porte.

Offrir aux femmes et aux filles un accès égal à l’éducation, aux services de santé, à un travail décent et à la représentation dans les processus décisionnels peut alimenter des économies durables, et profiter aux familles et aux communautés dans leur ensemble. L’égalité des genres est non seulement un droit humain fondamental, mais aussi la base d’un pays pacifique, prospère et durable. Toute petite amélioration vers l’égalité des genres peut apporter de grands changements dans l’état d’esprit et profiter à l’ensemble de la société.

 

[1] Tous les chiffres proviennent de l’étude des conditions de vie en Afghanistan (« Afghanistan Living Conditions Survey » – ALCS) 2016 – 2017, publiée le 7 mai 2018 par l’organisation centrale des statistiques de la république islamique d’Afghanistan http://cso.gov.af/Content/files/Surveys/ALCS/Final%20English%20ALCS%20Highlight(1).pdf

[2] Le pourcentage de femmes occupant un poste de direction ne représente que 6.6% de celui des hommes (ALCS, 2018).