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Une expérience d’enseignants itinérants

Behnam, Imani et Adeeb discourent de leur expérience de trois ans sur le terrain, comme enseignants itinérants dans les écoles de Nai Qala

“Nous sommes trois enseignants qui avons tous collaboré avec l’association Nai Qala (NQA) pendant 3 ans. Nous avons voyagé et aidé des centaines de filles pendant ces trois années. Nous nous sommes rendus dans 6 écoles différentes et des élèves sont venus de plus de 50 villages pour assister à nos cours. 

Le but de notre intervention était d’aider les filles à entrer à l’université ou dans l’enseignement supérieur. Aujourd’hui encore, en Afghanistan, la qualité de l’éducation est insuffisante et représente un défi. C’est encore plus difficile dans les régions rurales et pour les étudiants de ces régions. De plus, pour les filles, c’est un défi encore plus grand. Nous sommes très fiers d’aider ces filles et de leur donner de l’espoir.

Nous étions mandatés par NQA, mais une fois que nous étions arrivés dans ces régions éloignées sans connexion téléphonique, nous n’avions pas besoin d’être supervisés par un de ses responsables. Nous avons fait notre travail avec engagement. Pour nous, la motivation a résulté du leadership de NQA. Nous avons travaillé dans des conditions très difficiles dans ces régions très éloignées. 

Nous avons non seulement enseigné aux élèves, mais nous avons aussi collaboré socialement avec les parents et les aînés. Nous avons abordé la valeur de l’éducation et son importance. Nous avons pris notre temps parce que ces régions sont encore très sous-développées et que personne n’avait jamais abordé ce genre de discussion. Les communautés ont également pris ces messages très au sérieux, car notre contribution était très concrète et visible. Nous avons parlé positivement de leurs propres capacités et de la façon dont ils doivent se faire confiance.

Dans certains cas, lorsque nous avons identifié des filles qui avaient de plus grandes difficultés avec leurs études ou qui n’assistaient même pas à nos cours, nous avons pris le temps de marcher pendant des heures pour rencontrer les parents et leur expliquer pourquoi leur fille avait de telles difficultés ou les encourager à autoriser leurs filles à venir à l’école. Que quelqu’un se donne la peine de penser à leurs enfants a été très apprécié. Mais pour nous, c’était un devoir naturel pour notre pays et une contribution minimale.

Nous avons instauré une atmosphère tellement positive que les élèves ont commencé à être rarement absents ou même à ne plus l’être du tout. Les enfants sont devenus très motivés pour aller à l’école.

Un autre point très important de souligner est notre contribution à l’économie locale de ces régions éloignées. Les communautés avaient l’habitude d’envoyer leurs enfants dans les villes pour qu’ils reçoivent un soutien scolaire supplémentaire dans leurs cursus. Ce programme était important non seulement pour les élèves, mais surtout pour leurs parents, car ils pouvaient économiser de l’argent en ne les envoyant pas en ville. Notre programme était de la même qualité que celui des villes. De plus, les élèves ont obtenu de meilleures notes en classe. 

Ces trois années nous ont permis d’apprendre à être rigoureux et à prendre des responsabilités. Cette mission a été le plus grand apprentissage de notre vie. Nous apprenons davantage lorsque nous sommes mis au défi. Notre mission a été extrêmement difficile, et c’était important. Parfois, il nous fallait nous laver le visage tôt le matin, à des températures de moins de 30 degrés. Nous devions briser la glace pour trouver l’eau. C’est à ce moment-là que nous avons craint de ne plus pouvoir continuer. Puis on voyait les filles arriver après une heure de marche par un temps aussi froid, avec leurs écharpes gelées autour du cou. C’est cela qui nous a convaincu de rester et d’aider ces filles… c’est la raison de notre motivation ! 

Enfin, nous avons découvert une autre province, encore plus isolée que la nôtre. Nous avons aussi réalisé qu’une autre province peut être belle avec sa culture et ses traditions, qu’elle peut vivre avec dignité et fierté malgré l’extrême pauvreté.

Nous resterons toujours fidèles à NQA et à sa vision pour l’Afghanistan, à sa foi profonde dans le changement et l’espoir pour les filles de ces régions isolées…. “

Avec tout notre respect,

Behnam, Emani et Adeeb

Note de la rédaction:  Après trois années passées au service de l’Association Nai Qala, Behnam, Emani et Adeeb ont choisi de retourner à une vie plus sédentaire. Ils ont obtenu des postes d’enseignants d’état dans leur région d’origine.

Le projet d’éducation pré-primaire de Nai Qala prend de l’ampleur

Succès de l’enseignement pré-primaire

L’éducation de la petite enfance donne non seulement aux enfants une longueur d’avance à l’école, mais elle jette également les bases de leur réussite scolaire à long terme. Les bienfaits que les enfants retirent d’un tel programme les accompagnent tout au long de leur scolarité. Les enfants qui ont suivi les cours pré-primaires servent également de modèles au sein du système scolaire et motivent et aident les autres. Le programme contribue directement à la diminution du taux de décrochage scolaire.

Collaboration entre l’école pré-primaire et l’école primaire

Nai Qala crée un lien avec les écoles primaires gérées par le gouvernement local et aide à améliorer l’efficacité et l’efficience globales des écoles primaires.

Nai Qala est conscient de l’importance de combler cet écart et non seulement prépare les jeunes enfants à l’école par l’apprentissage et le développement, mais organise également des ateliers de collaboration pour les enseignants des écoles pré-primaires et les instituteurs des écoles primaires de première année. De cette façon, Nai Qala contribue à la préparation à l’environnement scolaire des enfants. Cette forte collaboration entre les enseignants, les parents, les élèves et la communauté est l’un des facteurs déterminants des programmes de Nai Qala.

Nous avons également remarqué que l’introduction de l’enseignement pré-primaire a un impact sur la famille dans son ensemble, car les enfants partagent leurs connaissances et leur savoir-faire à la maison de telle sorte que leurs parents puissent les appliquer avec leurs autres enfants, nourrissons et tout-petits. Toute la famille en bénéficie et est incluse dans le programme.

Objectifs de développement durable

NQA est fière de contribuer à la réalisation des objectifs des Nations Unies en matière de développement durable, en particulier ceux qui concernent l’éducation et l’égalité des sexes.

L’éducation de la petite enfance est fondamentale pour le développement de l’enfant, pour le système éducatif et pour la société dans son ensemble.

L’un des objectifs secondaires de ce programme est de renforcer l’autonomisation des femmes, les jeunes femmes jouant un rôle clé dans la mise en œuvre des projets en tant qu’enseignantes et superviseures.

Après le succès du programme d’éducation préscolaire initié par Nai Qala en 2017, le programme sera élargi au cours des prochaines années. Cette année marque la première étape avec la mise en place de 14 classes pré-primaires supplémentaires. Grâce à ce programme, Nai Qala accompagne les enfants dans l’importante transition du milieu familial à celui de l’école formelle.

Début des travaux à Anda

Une cérémonie officielle pour célébrer le début d’un nouveau projet de construction et marquer l’empreinte de Nai Qala par un symbole fort

L’inauguration officielle du début des travaux de la nouvelle école d’Anda s’est déroulée au mois de mai en présence des autorités et de la population locale, des parents, des étudiantes et étudiants. Cet événement représente bien la philosophie de notre association.

La construction d’une école est un pas important pour l’acquisition, par les jeunes filles et garçons, des connaissances nécessaires à leur avenir, mais c’est surtout une magnifique occasion de promouvoir le développement d’une région, les changements de mentalité entre femmes et hommes vers une meilleure égalité des chances, et ceci de manière durable. A travers ce nouveau projet, Nai Qala poursuit son engagement pour créer un impact progressif, mais profond qui influencera les interactions entre les femmes et les hommes.

Les filles démarrent symboliquement la construction

En proposant que le premier coup de pioche de l’école soit donné par deux jeunes étudiantes, Nai Qala tient à montrer l’importance des femmes dans la communauté. C’est un simple geste, mais qui est un symbole important pour l’engagement et le rôle des femmes dans la société afghane et leur dignité.

C’est par des actions simples lors d’événements solennels devant toute la communauté que Nai Qala poursuit ses buts d’améliorer l’image de la femme et montrer à la société que celle-ci ne pourra se développer qu’avec l’apport des femmes.

Le projet vient de débuter et il devrait se terminer en novembre avant l’arrivée de la neige.

Atelier de formation pour les enseignants du préscolaire

L’Association Nai Qala a récemment organisé un atelier pour améliorer les capacités des enseignants du préscolaire travaillant dans les villages de la région de Nai Qala.

L’Association Nai Qala a organisé dans les locaux de l’organisation à Kaboul, au début du mois d’avril, un atelier pour améliorer les capacités des enseignants du préscolaire travaillant dans les villages de la région de Nai Qala. Huit enseignants ont participé à la formation et approfondi leurs connaissances sur les objectifs du cycle préscolaire, l’importance de la pédagogie active, les droits des enfants, la durabilité, les méthodes pédagogiques efficaces, les groupes de jeu dans la communauté, le rôle et l’importance de la communication. Tous les sujets ont été activement discutés et illustrés par les expériences quotidiennes des enseignants.

L’école enfantine est un concept nouveau en Afghanistan

L’éducation préscolaire est un concept très nouveau en Afghanistan. Les gens ne savent pas ce qu’est l’école enfantine (école maternelle) et ne sont donc pas conscients de son importance pour le développement de l’enfant d’un point de vue éducatif, émotionnel et comportemental. Les enseignants ont mis l’accent sur la façon dont l’éducation préscolaire des jeunes enfants prépare le terrain pour l’éducation formelle ultérieure, mais aussi pour les enfants en tant que futurs citoyens. L’importance du jeu a été largement discutée et reconnue comme un moyen d’inculquer des changements de comportement. Le jeu à l’école enfantine donne aux enfants l’occasion de collaborer, de faire des réalisations dont ils sont fiers, d’apprendre la patience et de partager. Les enseignants ont été impressionnés par le potentiel qu’offre le jeu pour favoriser le changement. 

Le droit de l’enfant est un sujet qui a suscité un grand intérêt de la part des participants. « Les enfants ont des droits », « Les enfants doivent être respectés comme tout autre être humain  » étaient des phrases récurrentes parmi les participants. Les enseignants ont découvert comment améliorer leur comportement avec les enfants d’âge préscolaire.

Les enseignants ont fait preuve d’un grand enthousiasme pour leur travail quotidien et d’une grande motivation pour leur rôle éducatif, et ont partagé de nombreuses anecdotes. Tous ont été très heureux de participer à cet atelier. Ils ont beaucoup appris sur le développement de l’enfant et l’éducation préscolaire, mais aimeraient approfondir leurs connaissances et recevoir plus de formation en cours d’emploi à l’avenir

Impressions d’un participant

Qasem, la dernière recrue de l’organisation, a également participé à l’atelier, à la fois comme participant et comme formateur. Il partage son sentiment sur le stage :

« L’atelier préscolaire a été l’une des expériences les plus utiles que j’aie jamais eues. Bien que le séminaire ait été conçu pour améliorer les compétences des enseignants du préscolaire, j’ai aussi beaucoup appris dans cet atelier. Comme l’éducation préscolaire en est encore à ses débuts en Afghanistan, je n’ai jamais eu l’occasion d’acquérir une connaissance aussi approfondie de l’éducation préscolaire et de son rôle dans le développement des enfants. L’atelier m’a donné l’occasion de me familiariser avec le préscolaire, ses valeurs et son importance pour le développement des capacités des enfants à un âge plus avancé de leur vie.  

Cet atelier a été très agréable et enrichissant pour plusieurs raisons. D’une part, j’ai participé autant que possible à l’organisation et à la planification de l’atelier. D’autre part, c’était le premier atelier où j’ai eu l’occasion de présenter un sujet. Cette expérience m’a donné l’assurance d’avoir la capacité de m’adresser à un large public. De plus, cet atelier m’a donné confiance en moi et me motive à prendre la parole dans des grands séminaires, ou ateliers, au nom de Nai Qala.

Lors de cet atelier, j’ai découvert que les enseignants du préscolaire parlaient avec beaucoup d’intérêt et de motivation des enfants et des classes préscolaires… Et ça m’a vraiment impressionné. 

J’ai beaucoup appris de cet atelier sur l’éducation des enfants, le contenu et la philosophie de l’éducation préscolaire, les routines et j’ai écouté avec beaucoup d’intérêt les histoires que les enseignants ont partagées sur leurs classes et leurs expériences quotidiennes avec les enfants. De plus, cet atelier a été très motivant pour moi et j’ai trouvé que le personnel de Nai Qala et les enseignants sont très engagés et travaillent sans relâche pour promouvoir l’éducation des enfants dans les zones rurales, et maintenant je me sens plus que jamais engagé à travailler plus dur pour ces communautés défavorisées. »  

Formation pédagogique pour 10 enseignants des écoles de Waras

La faible qualité de l’enseignement dans les zones rurales reculées du pays est une constante préoccupation pour Nai Qala qui s’est engagé, cet hiver, à soutenir à nouveau un projet de formation.

Après avoir soutenu depuis 2016 des projets de formation continue des enseignants dans les écoles construites par l’Association, Nai Qala s’est une fois encore engagée pour la qualité de l’enseignement au travers d’un nouveau projet. Ce programme, organisé en partenariat avec une ONG française, vise à améliorer les compétences en langues et en sciences fondamentales, ainsi que les aptitudes pédagogiques d’une dizaine d’enseignants des écoles de Dewan et Safed Ghaow. 

Au cours des quatre dernières décennies, l’Afghanistan a souffert d’un grave conflit ; la guerre a détruit toutes les infrastructures et paralysé le système éducatif. En même temps, il faut se rappeler qu’avant même la guerre, de nombreuses régions du pays ont longtemps été négligées par les gouvernements centraux afghans. L’investissement dans l’éducation a été limité à certains centres urbains et de nombreuses autres régions ont été oubliées. 

La mauvaise qualité de l’éducation est donc aujourd’hui un sujet de préoccupation, résultant à la fois de la guerre et de l’isolement des zones rurales qui a précédé. Les principales raisons de ce problème sont la pénurie d’enseignants professionnels, le manque de matériel pédagogique, l’environnement inapproprié des salles de classe et les menaces à la sécurité dans certaines régions. En outre, les rapports indiquent également que l’approche centrée sur l’enseignant est toujours pratiquée et que les châtiments corporels peuvent être courants dans certaines écoles.

Malgré les progrès réalisés dans le renforcement des capacités des enseignants, plus de la moitié d’entre eux ne possèdent pas les qualifications et les compétences pédagogiques requises, ce qui est considéré comme un défi majeur pour une éducation de qualité en Afghanistan. Duria, une jeune enseignante qui a suivi le cours le confirme : « Je suis diplômée de la faculté des sciences sociales, mais j’ai obtenu un poste de professeur de mathématiques à l’école de Dewan, car il n’y avait pas d’emploi en sciences sociales pour moi ».

Un partenariat avec une autre ONG

Le nouveau projet de Nai Qala a été mené en partenariat avec l’ONG française AFRANE (Amitié Franco-Afghane), qui en 2002 déjà, avait signé avec le Ministère de l’Éducation des protocoles dans le but d’organiser des formations pour le personnel enseignant dans les écoles qu’elle soutient. Chaque année pendant les mois d’hiver, AFRANE organise une formation intensive pour les professeurs du district de Waras. La formation se déroule généralement de janvier à mi-mars, lorsque les élèves n’ont pas cours en raison des conditions météorologiques extrêmes. Les enseignants sont accueillis depuis 2015 dans des locaux construits à cet effet par AFRANE, et y sont nourris et logés car l’éloignement et la neige rendent impossibles les déplacements quotidiens vers leur domicile. 

Une centaine de professeurs des écoles du district participent à cette formation hivernale durant laquelle ils sont non seulement logés en internat mais surtout formés en langues (dari, anglais), en sciences fondamentales (maths, physique) et informatique. La formation est dispensée par des formateurs qualifiés, en fonction du savoir-faire et du niveau de la centaine d’enseignants présents, et comporte cinq heures d’enseignement par jour, conformément au programme approuvé par le ministère de l’éducation et spécialement conçu pour améliorer les connaissances théoriques. Les enseignants reçoivent en outre un soutien personnalisé le soir. « Comme les enseignants participants venaient de différentes écoles du district de Waras, ce fut une excellente occasion d’échanger nos idées et d’apprendre les uns des autres « , a commenté M. Amir, lui aussi enseignant à l’école de Dewan.

10 enseignants d’écoles construites par Nai Qala en formation

Les 10 enseignants de Nai Qala du district de Waras qui ont profité de cette formation de renforcement des capacités ont été identifiés par les responsables du projet, en étroite coopération avec la direction de l’éducation provinciale. Les 10 enseignants de Dewan et Safed Ghaow, hommes et femmes, ont eu deux mois pour améliorer leurs connaissances académiques et leur compétences pédagogiques. 

La plupart des enseignants ont suivi une formation très sommaire et/ou sans rapport avec la matière qu’ils enseignent ; aussi il n’est pas étonnant qu’ils montrent des lacunes importantes dans leur propre matière. Une révision générale ne peut être que bénéfique. Duria, la jeune enseignante avec une formation en sciences sociales, conclut après 2 mois de formation : « Maintenant, je suis très fière et motivée d’améliorer mes connaissances et de continuer mon travail de professeur de mathématiques »

L’obtention d’une éducation de qualité est le fondement du développement durable, c’est pourquoi l’augmentation du nombre d’enseignants qualifiés reste l’une des priorités des objectifs du développement durable et du ministère de l’éducation. Grâce à ce programme plus de 750 élèves des écoles de Dewan et Safed Ghaow bénéficieront de meilleures conditions d’apprentissage.

Les effets insoupçonnés du programme d’éducation de la petite enfance

Les cours d’éducation de la petite enfance représentent beaucoup plus que les premières étapes de l’apprentissage de la lecture, de l’écriture ou du calcul.

En 2017, Nai Qala ouvrait deux classes pilote d’éducation de la petite enfance pour des enfants de 4 à 6 ans. Le grand succès du projet a incité l’organisation à étendre le projet à 7 autres villages en 2018. Les cours préparent non seulement le terrain pour l’apprentissage du calcul, de la lecture et de l’écriture, mais offrent aussi des possibilités de développer la créativité, de s’amuser, de socialiser et d’apprendre des valeurs éthiques et comportementales. 

« Mon petit doigt m’a dit que » … ou l’impact du programme d’école maternelle de Nai Qala dans 9 villages de la province de Ghazni.

Après seulement quelques mois d’activité, des changements de comportement et d’attitude peuvent être observés chez les enfants fréquentant la classe et leurs familles. Ce blogue vous offre un petit florilège de changements concrets qui ont été suscités par le programme d’éducation de la petite enfance, des petits changements qui ont déjà un impact dans la vie des bénéficiaires. Ces courtes histoires sont énumérées sans ordre d’importance, car chaque changement a une signification et une valeur différentes. Chaque exemple est réel, mais notre politique de confidentialité nous empêche de compromettre le nom de nos sources et de nos bénéficiaires. C’est pourquoi mon petit doigt m’a dit…

  • Mon petit doigt m’a dit que les garçons et les filles ont beaucoup de plaisir à jouer ensemble. Les activités de jeux ouvrent la voie à une plus grande équité entre les genres.
  • Mon petit doigt m’a dit que les enfants apprennent la solidarité. Plusieurs enfants ont été vus en train de réconforter l’un d’eux sur le chemin de l’école et portant le sac de celui qui s’était égratigné le genou. S’entraider est l’une des nombreuses valeurs éthiques transmises dans le cadre du programme d’éducation à la petite enfance.
  • Mon petit doigt m’a dit que les mamans sont surprises de voir que leurs enfants font moins de sottises quand ils sont à la maison. Nous avons aussi entendu dire que certains jeunes garçons se comportent beaucoup mieux avec leur mère depuis qu’ils ont commencé à participer aux cours . Le respect et la tolérance sont des compétences sociales fondamentales que les enfants acquièrent à l’école.
  • Mon petit doigt m’a dit que les parents sont heureux de voir que leurs enfants mangent proprement à la maison et finissent leur assiette sans se plaindre. 
  • Mon petit doigt m’a dit que les petits garçons qui jouent à la dinette à l’école sont motivés pour aider à faire la cuisine maison. Certains frères et sœurs plus âgés sont étonnés de voir le petit frère aider la mère à ranger la table et à faire la vaisselle. Le programme permet aux enfants de résoudre les problèmes de base qu’ils rencontrent tous les jours.
  • Mon petit doigt m’a dit que les chaussures de la famille et des invités posées devant la porte d’entrée ne disparaissent plus mais sont fièrement alignées. 
  • Mon petit doigt m’a dit que les pères sont convaincus par le programme d’éducation de la petite enfance et qu’ils s’engagent à 100 %. Ils apportent du bois pour chauffer la classe.
  • Mon petit doigt m’a dit que les Lego et les jouets de construction ont beaucoup de succès. Il s’agit d’un nouveau type de jouets pour les enfants des zones rurales éloignées et d’un moyen idéal de développer leur créativité et leur imagination. Les jeux d’imitation (dînette, marchande, médecin) sont également très populaires chez les enfants. Les enfants qui participent aux cours profitent d’une atmosphère amicale et agréable où ils peuvent jouer en toute sécurité et faire de nouvelles expériences.
  • Mon petit doigt m’a dit que les enfants font le lien entre ce qu’ils apprennent à l’école sur l’environnement et ce qu’ils appliquent à l’extérieur. Le programme pour la petite enfance vise à sensibiliser les enfants à leur propre personne, aux autres, aux objets qui les entourent, à la société et à la nature.
  • Mon petit doigt m’a dit que les enseignants sont tous surpris de voir les progrès de leurs jeunes élèves au quotidien. La participation aux cours d’éducation de la petite enfance renforce les capacités d’écoute, d’expression orale, de lecture, d’écriture et de calcul, en fonction des capacités de chaque enfant.
  • Mon petit doigt m’a dit que les parents ont l’esprit tranquille quand leurs enfants sont en classe et peuvent se consacrer pleinement à leur travail pendant ce temps.
  • Mon petit doigt m’a dit que les enfants ne font pas l’idiot quand ils sont en classe. Ils se comportent aussi bien que des images.
  • Mon petit doigt m’a dit que l’école a créé de nouvelles amitiés entre les enfants dont les familles ne se parlent plus… et que, par conséquent, le dialogue reprend entre adultes.

Faciliter, promouvoir et faire la démonstration des droits de l’homme

Nai Qala contribue à l’amélioration de la situation des droits humains en Afghanistan

La capacité de l’État afghan à fournir des services essentiels comme l’éducation et les soins de santé et à respecter, protéger et réaliser les droits humains a ses limites. Les zones rurales isolées ont été traditionnellement négligées par les administrations centrales successives de Kaboul et aujourd’hui, ces communautés isolées ressentent particulièrement l’absence d’une réponse forte de l’État. L’absence d’infrastructures et d’institutions de base, telles que les écoles et les dispensaires, compromet la capacité de l’État à assurer un bon niveau de santé et d’éducation. Les écoles et les cliniques, là où elles existent, sont difficiles d’accès pour la plupart des gens. Le personnel de ces institutions est souvent peu formé et peu motivé. Peu d’employés formés acceptent de travailler dans des régions éloignées où les conditions de vie peuvent être difficiles. Il n’est pas surprenant que de nombreuses personnes aient quitté le pays pour tenter d’améliorer leurs conditions de vie ailleurs, et cet exode rural constant aggrave la situation pour ceux qui restent, car il affaiblit le tissu social de ces communautés.

Les femmes et les filles sont toujours privées de leurs droits fondamentaux, confrontées à de multiples restrictions et discriminations, à des abus et à diverses formes de violence, tandis que les efforts visant à améliorer la condition de la femme se heurtent à une opposition constante. Les rôles des femmes et leur potentiel en tant que contributrices au développement social et économique sont encore insuffisamment pris en compte.

 Droit à l’éducation

L’éducation est un droit de l’homme, inscrit dans la Déclaration universelle des droits de l’homme et dans la Convention des Nations Unies relative aux droits de l’enfant. Chaque fille et chaque garçon devrait avoir droit à une éducation de qualité afin d’avoir plus de chances dans la vie, y compris des débouchés professionnels, une meilleure santé et également de participer au processus politique. Une éducation de base est également importante pour garantir que tous les individus soient conscients de leurs droits.

En Afghanistan, 28 % des enfants d’âge scolaire ne sont pas scolarisés et seulement 18 % des filles de 15 ans et plus sont lettrées. Notre travail sur les causes profondes de la faible fréquentation ou de l’absence de fréquentation scolaire des enfants, en particulier des filles, permet de remédier à l’absence de conditions d’apprentissage décentes telles que l’absence de bâtiments scolaires adéquats, la faible qualification des enseignants, l’absence d’installations sanitaires (surtout pour les filles menstruées), l’absence de mur de séparation, tout en empêchant en même temps les enfants d’abandonner l’école, en menant des entretiens de motivation avec leurs parents et la communauté, en proposant des cours pré-primaire, en réduisant la distance qui les sépare des écoles dans les régions rurales reculées.

Droit à la santé

De même que pour l’éducation, la santé est un droit de l’homme inscrit dans la Déclaration universelle des droits de l’homme, dans la Convention des Nations Unies relative aux droits de l’enfant, ainsi que dans le Pacte international relatif aux droits économiques, sociaux et culturels. Le droit de tout individu à la santé signifie que chacun a droit au meilleur niveau de santé physique et mentale possible, ce qui inclut l’accès à tous les services médicaux, aux installations sanitaires, à une alimentation suffisante, à un logement décent, à des conditions de travail salubres, et a un environnement propre.

Alors qu’en Afghanistan, 91 enfants sur 1000 meurent avant leur cinquième anniversaire, nous nous efforçons d’améliorer les conditions sanitaires en installant un centre de santé (dispensaire) qui améliore la santé des femmes et des enfants, et la couverture vaccinale et fournit les soins de base à une population de plus de 20’000 habitant-e-s. Les enseignants de Nai Qala ont reçu une formation sur les principes d’hygiène de base ; ils transmettent le message à leurs élèves et les jeunes qui participent aux cours d’éducation préscolaire apprennent pourquoi et comment se laver les mains. Plusieurs initiatives de jardinage sont encouragées pour améliorer l’état nutritionnel de toute la famille.

Donner aux gens les moyens d’exercer leurs droits

Si l’objectif principal de nos enseignants est d’enseigner aux enfants, nous voulons aussi saisir l’occasion d’aider les communautés à comprendre le concept des droits humains, ou pourquoi il est important de remettre en question les conceptions anciennes et encourager la formation des filles. Nous voulons que nos enseignants abordent des questions telles que l’éducation, la santé et l’égalité avec les anciens du village et d’autres personnes. Il faut du temps pour que les gens acceptent de nouvelles idées, mais ils ont montré un intérêt surprenant jusqu’à présent.

L’égalité des sexes, consacrée par l’article premier de la Déclaration universelle des droits de l’homme, est au cœur des activités de Nai Qala. La vision de Nai Qala est  » Une société éduquée, en bonne santé et bien équilibrée dans laquelle les femmes et les hommes mènent les changements sociaux, culturels et économiques d’une manière inclusive qui permet à leurs enfants – garçons et filles – de s’épanouir « . Notre chemin pour réaliser notre vision est inclusif, en convaincant patiemment les aînés, les pères, les hommes. Notre objectif est d’induire de petits changements dans la société en développant les capacités, les opportunités et les ressources des communautés locales afin que les hommes, les femmes, les garçons et les filles puissent participer sur un pied d’égalité à la vie et aux décisions familiales et élargir leurs domaines d’opportunités. Nous encourageons la participation des femmes dans la société, au même titre que les hommes, dans la prise de décisions sur les questions qui les concernent, comme l’éducation de leurs enfants, la santé de tous les membres de la famille et le revenu économique familial, ainsi que la participation de la communauté entière aux décisions collectives telles que la construction, l’utilisation et la gestion des écoles locales ou du dispensaire.

Les droits de l’homme sont interdépendants, indivisibles et intimement liés. Cela signifie que la violation du droit à la santé peut entraver l’exercice d’autres droits de l’homme, tels que le droit à l’éducation ou le droit au travail, et vice versa. Sans éducation, il est moins probable de trouver un emploi bien rémunéré et un logement décent, de participer au processus démocratique ou de reconnaître la valeur de l’éducation pour les générations futures. Selon la Banque mondiale, il est prouvé que les citoyens instruits se soucient davantage de l’environnement, sont plus tolérants envers ceux qui sont différents et sont plus enclins à lutter pour l’égalité des sexes. Grâce à ses initiatives éducatives et à ses actions axées sur la santé, toutes soutenues par une approche inclusive, Nai Qala s’efforce de réduire les inégalités et de promouvoir les droits de l’homme.

Une nouvelle école pour Sokhtagi

Une éducation de qualité, des conditions d’apprentissage améliorées et une augmentation des inscriptions : des objectifs largement atteints pour le projet de Sokthagi.

Inauguration

Le 27 août 2018, des centaines d’écoliers et de villageois de Sokhtagi se sont rassemblés sous un soleil de plomb afin d’inaugurer ensemble la nouvelle école. Cet évènement n’a pas été seulement un moment de célébration, mais surtout l’occasion pour Nai Qala de remettre le projet à la communauté, aux anciens, aux écoliers et à leurs parents, ainsi qu’aux autorités locales et provinciales. L’invitation de Nai Qala a été honorée par de nombreux officiels, dont le gouverneur et le ministre provincial de l’éducation. La cérémonie a été organisée par Nai Qala qui en a délégué une partie à un comité local composé d’écolières et de représentants de la communauté.

La cérémonie s’est déroulée de façon très harmonieuse, mélangeant des parties officielles avec des discours et des moments récréatifs : un musicien jouant du dambura, des chansons et des poèmes spécialement créés pour l’événement et présentés par certaines élèves. Une petite délégation d’écolières de Zeera Gag, un village où Nai Qala a construit une école en 2015 a même pris la route plus de 5 heures pour apporter un message d’encouragement à leurs pairs de Sokhtagi.

Le projet

Mais refaisons un petit saut en arrière : la première pierre a été posée le 6 septembre 2017 devant les écolières, le corps enseignant, les villageois et les autorités locales. L’objectif principal du projet était de fournir une éducation de qualité, d’améliorer les conditions d’apprentissage et d’accroître les inscriptions des filles et des garçons en construisant un bâtiment scolaire entièrement équipé pour 530 écoliers.

Dès la signature de l’accord de projet, les gens ont été impatients de voir la construction de l’école commencer. La consultation et la coordination avec la communauté étaient des priorités pour Nai Qala avant et pendant la construction – et aujourd’hui encore alors que l’école accueille déjà ses élèves. Le choix du site, puis la qualité des matériaux de construction et l’importance de l’entretien ont été régulièrement discutés avec les aînés de la communauté. Afin de rassurer les autorités provinciales et Nai Qala de la sécurité et de l’entretien du bâtiment scolaire après l’achèvement des travaux, les membres de la communauté se sont présentés avec enthousiasme pour contribuer, selon leurs capacités, non seulement à la construction, mais aussi à l’entretien futur. Dans le cadre de l’accord avec l’entreprise de construction, une main-d’œuvre non qualifiée pour les travaux de construction a été embauchée localement afin de compléter le contingent de travailleurs qualifiés recrutés dans d’autres régions.

Compte tenu de l’enthousiasme de la communauté et de l’engagement de Nai Qala en faveur d’un travail de qualité, le gouvernement provincial a inclu le bâtiment de l’école Sokhtagi dans son plan de développement et a pris en charge le processus d’enregistrement. La gestion des écoles et l’entretien des bâtiments ont été coordonnés avec les autorités locales et provinciales.

Le projet a été mis en œuvre conformément au calendrier et aux spécifications prévues, et s’est terminé presque une année, jour pour jour, après le début des travaux. Le résultat est un bâtiment scolaire de 16 pièces, dont 9 salles de classe pour 530 élèves, un laboratoire et une salle d’informatique, une bibliothèque, deux salles pour l’administration et deux salles de stockage. Le projet a atteint tous les objectifs stipulés dans la proposition initiale et Nai Qala est très fière de fournir un environnement scolaire digne aux écoliers de la communauté de Sokhtagi.

Le futur

Au lendemain de l’inauguration de l’école, une équipe conjointe d’employés de Nai Qala, de membres de la communauté, du ministère provincial de l’Éducation et de bénévoles du Rotary club de Kaboul a passé en revue la construction et confirmé qu’elle a été réalisé dans les délais prévus et que le projet a atteint tous ses objectifs. Les membres de l’équipe se sont entretenus avec la communauté bénéficiaire, les parents d’enfants d’âge scolaire et les autorités provinciales au sujet du résultat du projet. Les interlocuteurs ont exprimé leur entière satisfaction et leur joie, et se sont engagés à prendre toutes les mesures nécessaires pour maintenir le bâtiment scolaire dans les meilleures conditions possibles. « Avant même la remise de l’école, nous en parlions comme si c’était la nôtre. Maintenant, c’est vraiment la nôtre. Toute la province nous observera. Nous devons leur montrer que nous pouvons entretenir notre école et tout son équipement – et nous pouvons le faire parce que nous travaillons tous ensemble aujourd’hui. Ce n’est qu’un début pour nous »a déclaré un dirigeant de la communauté.

Afin d’assurer la durabilité du projet, Nai Qala a consulté tous les intervenants pour obtenir leur accord. En réponse, le gouvernement central a inclus l’école dans son plan national de développement de l’éducation et s’est engagé, par écrit, à gérer l’école conformément au programme scolaire national, aux normes éducatives et au matériel pédagogique. Le gouvernement assurera un suivi auprès de la communauté pour s’assurer que le bâtiment est bien entretenu et fournira un petit montant d’aide financière pour les réparations en cas de dommages causés par la neige ou le vent.

La communauté a mis en place un comité de protection de l’école pour superviser le projet et s’occuper de l’entretien en cas de dommages. Elle s’est également engagée à embaucher des enseignants supplémentaires au cas où le gouvernement n’en affecterait pas suffisamment.

La construction et l’équipement complet de l’école de Sokhtagi a été saluée par la communauté locale et les bénéficiaires du projet (élèves et parents d’élèves), les représentants du ministère national de l’éducation, le directeur du ministère provincial de l’éducation et le président du conseil provincial. Nai Qala a appris que la construction de l’école avec toutes ses installations, y compris les ordinateurs pour la formation, dans cette partie reculée du pays était un rêve qui est devenu réalité grâce à l’association et à ses donateurs.

Le ministère de l’éducation et le ministère provincial de l’éducation ont remercié Nai Qala d’avoir mis en œuvre une partie de son plan de développement qui exigeait une somme importante d’argent et des efforts techniques. Les autorités ont promis de s’occuper de l’entretien et de la gestion de l’école, y compris l’affectation des enseignants.

Impact

De nombreux indicateurs tangibles attestent du succès du projet. Le nombre initial d’écoliers inscrits a augmenté significativement car les parents sont désormais assurés de la sécurité de leurs enfants. De plus, de nombreuses filles qui avaient quitté l’école parce qu’elles devaient parcourir de longues distances à pied pour recevoir un enseignement dans un environnement de qualité médiocre ont repris leurs études en rejoignant une classe de l’école ou dans un cours d’enseignement communautaire afin de pouvoir rejoindre les classes de l’école de Sokhtagi. Après seulement quelques semaines de fonctionnement, on peut déjà constater un baisse importante du taux d’absentéisme. « Nous ne sommes plus distraites par le bruit », « Nous avons les mêmes conditions d’apprentissage qu’à Kaboul ou Bamyan », « Nous n’avions jamais imaginé qu’une telle construction puisse exister » sont des messages que l’on peut désormais entendre souvent à Sokhtagi.

Les villageois ont décidé de permettre aux garçons, qui devaient parcourir de longues distances à pied pour aller à l’école dans d’autres localités, de rejoindre les filles à l’école de Sokhtagi où des classes mixtes seront créées.

L’arrivée d’un bâtiment scolaire a un impact sur la durée de l’année scolaire : en raison des fortes pluies ou de la neige, les cours n’avaient simplement pas lieu, raccourcissant d’une durée non négligeable la couverture du programme scolaire. Les enseignants ne pouvaient pas suivre le programme annuel car les cours se déroulaient en plein air et étaient impossibles pendant les fortes pluies ou les chutes de neige. Le projet permettra donc aux enseignants et aux élèves de terminer le programme scolaire dans des classes situées à l’intérieur sans devoir compter avec des conditions météorologiques extrêmes

L’objectif principal de ce projet était de fournir une éducation de qualité, d’améliorer l’environnement d’apprentissage et d’accroître les inscription en construisant un bâtiment scolaire entièrement équipé. Au vu de ce qui précède, le projet a déjà atteint tous ses objectifs.

Grâce aux projets de Nai Qala, les habitants des régions isolées et exclues du centre de l’Afghanistan sont en mesure de se forger un avenir meilleur. Pourtant, l’impact le plus important se fera sentir dans les années à venir. Les habitants de Sokhtagi sont fiers de leur école. Ils y ont contribué et le processus les a aidés à bâtir leur confiance. Maintenant, c’est à eux et à leurs enfants d’en faire bon usage.

Formation d’éducatrices de la petite enfance

En Afghanistan, la formation des enseignants du pré-primaire est assurée par les ONGs

Bien qu’en Afghanistan le cycle pré-primaire fasse partie du plan national de l’éducation, il n’existe pas encore de formation officielle pour les enseignants et le soutien du gouvernement à l’éducation de la petite enfance reste plutôt limité. Ce sont ainsi des organisations non gouvernementales qui prennent le relais pour former des centaines d’enseignants chaque année et/ ou mettre en place des programmes d’éducation pré-primaire.

Parmi les ONGs actives sur le terrain, la Fondation Aga Khan bénéficie d’une expérience de plusieurs années dans l’éducation de la petite enfance en Afghanistan et dans d’autres régions du monde. Elle a ainsi établi, grâce à son réseau mondial, ses propres méthodes d’apprentissage et forme, chaque année, des centaines d’enseignants. Lors du lancement du projet de Nai Qala d’éducation de la petite enfance en 2017, deux futures éducatrices avaient suivi la formation dispensée par la fondation Aga Khan.

Au printemps 2018, Nai Qala a étendu son projet à 7 nouvelles classes et a recruté une dizaine de nouvelles enseignantes. La formation des jeunes femmes a été confiée à une « ancienne » du projet, Khatira, qui a organisé un séminaire de formation à partir des notions pédagogiques acquises lors de sa propre formation, et enrichies par son expérience. La méthode d’enseignement pour les classes de maternelle est centrée sur l’élève, les travaux de groupe et fait un usage extensif des cartes-flash : les petites cartes que tout étudiant a utilisé au moins une fois dans sa vie pour faire les révisions… pour les plus petits, on écrit un mot d’un côté et de l’autre on le représente par un dessin. Khatira assure aussi une fois par semaine un suivi auprès des nouvelles enseignantes, dans leur classe respective et les invite aussi à observer de temps en temps le déroulement de sa classe. Les enseignantes sont conscientes que les intérêts et les capacités des enfants varient considérablement au niveau préscolaire et que, par conséquent, des activités individuelles, en groupes soient prévues pour répondre aux besoins des enfants et promouvoir le développement des aptitudes cognitives, langagières, sociales, affectives et physiques. Dans les classes préscolaires, les possibilités d’exploration créative des enfants sont mises en équilibre avec les conseils des enseignants pendant les activités d’enseignement et d’apprentissage structurés.

Afin de compléter la formation pédagogique des enseignantes, Nai Qala a aussi organisé pour quelques éducatrices, un cours de premier secours en partenariat avec l’organisation non gouvernementale JRS (Jesuit Refugee Service). afin d’acquérir les bons réflexes, spécialement lorsque on s’occupe de jeunes enfants. Quatre étudiantes se sont rendues à Kaboul dans les locaux du JRS pour apprendre comment stopper une hémorragie, traiter une brûlure, mettre en place une attelle ou encore faire un bandage. Ce cours, pensé et dispensé par une infirmière retraitée suisse, a été très apprécié et les jeunes femmes qui ont participé ont reçu la mission de transmettre les connaissances nouvellement acquises non seulement à leur collègues restées sur place, mais aussi aux parents de leurs jeunes élèves.

Le plan stratégique national de l’éducation afghan 2017-2021 prévoit un nouveau diplôme spécialisé en développement de la petite enfance et en éducation primaire; malheureusement, par manque de moyen, le cursus n’est pas encore en place aujourd’hui. Cependant un tel objectif est la reconnaissance du rôle que des enseignants possédant des compétences spécialisées en matière d’enseignement et de développement ainsi qu’une bonne compréhension peuvent avoir un impact positif sur le taux d’abandon scolaire et assurer un apprentissage solide aux enfants du cycle primaire inférieur. En attendant la mise en place d’un programme officiel de formation pour les enseignants, les ONGs jouent un rôle important pour transmettre des notions de pédagogie et aborder les questions transversales telles que la santé, l’environnement et l’égalité des sexes.

teacher training workshop / séminaire de formation
teacher training workshop / séminaire de formation
teacher training workshop / séminaire de formation
First aid course / cours de premiers secours
First aid course / cours de premiers secours
First aid course / cours de premiers secours

Ramassage des déchets

Le changement de comportement et la participation du public sont la clé d’une gestion fonctionnelle des déchets.

Les déchets augmentent

L’humanité a créé 8,3 milliards de tonnes de plastique depuis que la production à grande échelle des matériaux synthétiques a commencé au début des années 1950, et la plus grande partie réside maintenant dans les décharges ou dans l’environnement naturel [1]. À l’échelle mondiale, quelque 3,5 milliards de personnes n’ont pas accès aux services formels de gestion des déchets et la population des régions reculées d’Afghanistan ne fait pas exception.

Les chiffres mondiaux de la pollution par le plastique donnent des maux de tête: 500 milliards de sacs sont utilisés chaque année, un million de bouteilles sont achetées chaque minute; la plupart des plastiques ne se biodégradent pas, de sorte que les déchets plastiques que les humains ont générés peuvent rester pendant une centaine ou plusieurs centaines d’années. De plus en plus de déchets plastiques se retrouvent dans le paysage afghan, même dans des endroits qui méritent ou ont déjà le statut de parc national. La légende dit qu’un plongeon dans les lacs de Band-e-Amir, le premier parc national afghan, vous guérira des maladies, mais les ordures et les déchets qui semblent se retrouver dans les lacs suggèrent plutôt le contraire.

Initiative communautaire à Sokhtagi

Choquée par la quantité d’ordures qui jonchent les lacs, les lacs et les rivières des environs de Sokhtagi, la présidente de Nai Qala a partagé ses tristes sentiments avec la communauté locale lors de son séjour dans la région, en mars 2018. Ses paroles ont résonné positivement aux oreilles de la communauté et ont poussé les habitants à prendre des dispositions. Fin juin 2018, le conseil d’école de Sokhtagi a organisé une journée générale de collecte des déchets où plus de 350 personnes ont participé. Les parents, les enseignants et les élèves ont rassemblé plusieurs dizaines de kilos de plastique, de verre, de métal et de tissu provenant du marais de Sokhtagi et de ses abords.

Une telle motivation parmi la communauté de Sokhtagi, dans une région historiquement si isolée, est remarquable. Parmi de nombreux autres bénéfices, la construction d’une école rend les villageois attentifs à leur environnement. «Nous avons l’un des plus beaux lacs juste devant notre porte, nous devons en prendre soin et, qui sait, un jour notre village deviendra une zone qui attirera de nombreux étrangers à la visiter» a déclaré un homme qui faisait partie des bénévoles.

Prendre conscience de son environnement et des déchets générés

Nai Qala promeut des valeurs de durabilité et engage la communauté de tous les villages où elle construit une école ou un centre de santé à être consciente de son environnement et à prendre soin de la nature. L’association s’assure que l’environnement soit un sujet discuté avec les bénéficiaires de ses programmes.

À un moment où la Banque Mondiale estime que la production mondiale de déchets solides devrait augmenter de 70% d’ici 2025, les pays en développement faisant face aux plus grands défis, ces initiatives communautaires donnent un signal d’espoir fort. Non seulement la collecte des déchets, mais aussi une réflexion critique sur l’utilisation des matériaux ainsi que de bonnes pratiques de gestion des déchets aideront à garder ces régions éloignées du centre de l’Afghanistan propres. Espérons ensemble que la réduction et la collecte des déchets, une réflexion sur ce que l’on achète et un choix de matériaux plus durable, dans la mesure du possible, feront bientôt partie de la culture locale.

[1]Roland Geyer et al. Production, use, and fate of all plastics ever made. Science Advances, July 2017 DOI: 10.1126/sciadv.1700782