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Fermeture des écoles en période de pandémie

La plupart des enfants n’ont reçu aucune instruction pendant au moins 9 mois.

Lors de leur dernier jour d’école avant les vacances d’hiver, en novembre 2019, aucun jeune afghan n’aurait pu imaginer que les écoles ne reprendraient pas au printemps suivant. En mars, lorsque les ministères de la santé et de l’éducation du pays ont annoncé la fermeture de tous les établissements scolaires, les enfants ont compris que les vacances d’hiver en cours seraient prolongées jusqu’à une date indéterminée pour contenir l’épidémie de coronavirus.

Le ministère de l’éducation a rapidement mis en place un plan d’urgence Covid-19 afin de poursuivre les prestations de services éducatifs aux élèves à domicile. Ce plan portait principalement sur l’enseignement à distance en utilisant la télévision, la radio ou le web, et sur l’enseignement en petits groupes pour les élèves.

Le Covid-19 a gravement affecté une culture de l’éducation déjà fragile en Afghanistan, en particulier dans les zones rurales

Les écoles afghanes étaient en crise avant la pandémie, mais la situation a empiré, de manière encore plus marquée dans les zones rurales. Avec 55 % de la population vivant sous le seuil de pauvreté, de nombreuses familles ne pouvaient tout simplement pas se permettre un accès à internet. Alors que seuls 14 % des Afghans utilisent internet, de fortes disparités sont constatées entre les zones urbaines et rurales.  La disponibilité de l’électricité a aussi un impact significatif sur l’accès à la télévision et à la radio. Dans les zones rurales éloignées où Nai Qala opère, une très petite partie de la population dispose d’une télévision alimentée par des batteries solaires. Pendant la fermeture des écoles, il n’était pas rare de voir des adolescents marcher plusieurs heures vers un centre urbain disposant d’un accès convenable à internet pour suivre le programme d’éducation du gouvernement. Certains enfants très motivés et soutenus par leurs parents, ont emménagé chez des proches en ville pour poursuivre leurs études. Malheureusement, ce ne fut le cas que pour une minorité ; la plupart n’ont pas eu d’accès à l’éducation pendant la fermeture de l’école.

Dans les zones rurales, où seulement 13 % des femmes et 45 % des hommes savent lire et écrire, de nombreux parents ne peuvent tout simplement pas aider leurs enfants à étudier. Et pour de nombreux parents, la fermeture des écoles a été considérée comme une aubaine économique. Les parents qui ne comprennent pas pleinement le rôle de l’éducation étaient plutôt satisfaits d’avoir leurs enfants à la maison et ont pu profiter davantage du temps libre de leurs enfants pour améliorer les revenus de la famille, en confectionnant des tapis ou en faisant de la broderie. Pendant cette période, les écoliers ont soutenu davantage leurs parents dans les tâches ménagères, dans les champs ou dans les pâturages. 

La réouverture des écoles est un signal encourageant

Fin août, le gouvernement a autorisé la réouverture des classes pour les élèves de 11ème et 12ème années. Cela a été un soulagement et une grande joie pour les adolescents plus âgés, en particulier pour les filles d’Anda qui ont pu, pour la première fois, profiter des installations de la nouvelle école que Nai Qala a construite pour elles en 2019. Dans un environnement déjà fragile où l’accès à l’éducation était déjà un défi, la pandémie pourrait encore aggraver la situation, mais le fait de bénéficier d’un environnement éducatif décent avec des bâtiments scolaires bien équipés est certainement une incitation à amener plus d’enfants à l’école et à les y retenir.

Depuis le début du mois d’octobre, les enfants de tous âges ont repris le chemin de l’école. Les écoles construites par Nai Qala ont retrouvé leur pleine capacité et comme le dit un ancien de la maternelle de Nai Qala qui vient de commencer l’école à Sokhtagi : « Je suis heureux d’être à l’école ».

Reflexions autour de la journée de la Femme

Quelques réflexions sur la Journée internationale de la femme par Taiba Rahim, présidente de l’Association Nai Qala

Le 8 mars, des millions de personnes à travers le monde ont célébré la Journée internationale de la femme. Alors que c’était également le cas au cours des décennies précédentes, les célébrations se limitaient auparavant à quelques grandes villes d’Afghanistan, mais aujourd’hui, c’est un phénomène national, y compris dans les zones rurales.

En ce jour, un magnifique souvenir de ma mère me vient également à l’esprit. Elle était tout aussi courageuse que mon père.  Il y a 45 ans, elle a été honorée par la municipalité locale et a reçu un prix pour avoir fait en sorte que ses 5 fils et 4 filles aillent à l’école ; c’était très inhabituel en Afghanistan à l’époque. 

Je n’oublie jamais son humilité en recevant un bouquet de fleurs et une broche en argent. Cela m’a rendu fière et m’a inspirée quand j’étais petite fille. Des années plus tard, j’ai fondé l’association Nai Qala, qui se consacre à l’éducation des jeunes filles. Nous contribuons à ce changement de culture et de conscience. 

Bien qu’il reste de nombreux défis à relever, les filles sont désormais plus nombreuses à aller à l’école en Afghanistan, les femmes sont plus nombreuses à poursuivre une carrière et les hommes sont plus nombreux à être conscients du rôle important des femmes dans la société. Ils se tiennent plus fermement aux côtés de leurs sœurs, de leurs mères et de leurs épouses. 

Je suis très fière d’être témoin d’un tel changement et espérons que cette journée apportera une plus grande prise de conscience et contribuera à une meilleure compréhension du rôle des femmes dans notre société. C’est un honneur et un privilège d’observer et de participer à un tel changement ! 

Une ouverture en faveur de l’éducation préscolaire

Même les plus récalcitrants finissent par soutenir l’éducation préscolaire

L’Association Nai Qala a lancé son programme préscolaire dans la vallée de Nai Qala en 2017. L’objectif était d’assurer la préscolarisation de tous les enfants des villages du bassin de recrutement des 3 écoles que l’Association Nai Qala y avait construites entre 2007 et 2010.

Le personnel de l’association a convaincu 9 villages de participer au programme, mais le 10ème n’était pas du tout intéressé par le concept d’école maternelle. Les villageois n’ont pas voulu rencontrer l’équipe de Nai Qala ; ils n’étaient pas prêts et ne comprenaient pas l’utilité du programme. Lorsque la communauté locale a refusé de rencontrer l’équipe en 2017, il était bien sûr extrêmement difficile de quitter le village tout en sachant que de nombreux enfants se retrouveraient laissés pour compte et qu’un tel programme ne leur serait pas accessible. Ce fut un moment très triste…. 

Le programme préscolaire de Nai Qala a été un succès.

Nai Qala a démarré avec succès son programme dans les 9 premiers villages. Les parents et la communauté ont vite réalisé que le programme était encore meilleur qu’ils ne l’avaient imaginé. Les enfants sont rentrés à la maison avec de nombreux changements positifs : les parents ont remarqué que les enfants avaient amélioré leurs aptitudes sociales et qu’ils étaient davantage conscients de leur environnement et de leur famille ; qu’ils avaient acquis les concepts de salutations et de la politesse ainsi que des compétences de base en lecture et écriture à un très jeune âge. De leur côté, les enfants ont commencé à avoir davantage confiance en eux et à développer un sentiment d’identité et de fierté en participant aux réunions parents-enseignants qui font partie intégrante de notre programme préscolaire. 

La communauté change d’état d’esprit

Il ne fallut pas longtemps avant que le village récalcitrant entende de très bonnes choses sur le programme et comprenne de quoi il s’agissait. En particulier, la communauté a été convaincue par le fait que les parents soient en mesure d’apporter leur contribution en participant aux réunions parents-enseignants. Les villageois ont commencé à regretter leur réticence initiale à l’école maternelle et se sont sentis exclus. Ils ont observé et suivi de près comment le programme était mis en œuvre ailleurs, puis ils ont organisé plusieurs réunions et se sont organisés pour finalement, au printemps 2019, inviter l’équipe de Nai Qala au village et annoncer qu’ils étaient maintenant prêts à créer une classe préscolaire. 

Dans le cadre de notre programme préscolaire, nous embauchons habituellement une enseignante de la communauté pour enseigner aux enfants, mais dans le cas de ce village, il a été difficile de trouver quelqu’un sur place qui avait les qualifications requises pour être enseignant. Nous avons finalement rencontré une jeune femme qui n’avait obtenu qu’un diplôme de 8e année, mais avons décidé de l’embaucher et de la former pour qu’elle soit apte à diriger une classe.

Aujourd’hui, dans ce village, les parents sont présents aux soirées parents-enseignant et réalisent l’importance de l’éducation. Cette histoire montre que la communauté elle-même, une fois convaincue par le programme, l’a bien accueilli. C’est la clé du changement ! Toute société ne se développera que lorsqu’elle sera elle-même convaincue et prête. Ensuite, elle participera pleinement au programme qui se poursuivra avec succès. Notre programme préscolaire est communautaire et la participation active des villageois est cruciale.

Nous sommes très fiers de participer à un changement aussi durable dans ces régions rurales éloignées. C’est grâce à l’Association Nai Qala que ce village et d’autres comme lui se sont ouverts à la vision de l’éducation et à son importance pour l’avenir des enfants.

Une nouvelle école pour de meilleures opportunités

La 11ème école de l’Association Nai Qala améliorera les conditions d’apprentissage de plus de 300 enfants.

Le 23 novembre 2019, les clés de l’école d’Anda ont été remises officiellement au directeur de l’école. L’objectif du projet de Nai Qala a été pleinement atteint, celui de remettre à la communauté une nouvelle école bien équipée qui favorise l’accès à une éducation de qualité et améliore les possibilités d’apprentissage pour plus de 300 filles et garçons en âge scolaire. 

La nouvelle école du village d’Anda permettra aux enseignants et aux élèves de bénéficier d’installations et d’équipements adéquats qui créent un environnement de travail et de loisirs propice à l’étude et au développement personnel de chacun.

Un impact direct sur le programme scolaire

Dans les régions montagneuses du centre de l’Afghanistan, les écoles en plein air sont obligées de fermer tôt et pendant de longues périodes en raison de fortes chutes de neige ou de pluie, ce qui compromet l’achèvement du programme scolaire annuel. En Afghanistan, l’école commence habituellement en avril et se termine en novembre, mais pour de nombreuses écoles qui n’ont pas de bâtiment approprié, le programme peut commencer seulement en mai ou en juin. Il en sera de même à la fin de l’année, si l’hiver arrive plus tôt que d’habitude, ces écoles s’arrêteront déjà en octobre, ce qui rendra très difficile pour les enseignants et les élèves de terminer le programme annuel.  La nouvelle école d’Anda est prête à être utilisée par les enfants qui ont étudié jusqu’à présent sous la pluie, la neige, la chaleur du soleil ou sous le vent, assis sur un sol souvent humide. Le nouveau bâtiment d’Anda, avec ses 6 salles de classe, permettra de respecter le plan annuel d’éducation quel que soit le temps.

Un nouveau pôle d’attraction

Un bâtiment scolaire représente une ouverture à de nouvelles opportunités pour la communauté d’Anda. Avec une construction correcte, la communauté peut demander en toute confiance au gouvernement et aux ONG un soutien éducatif. Un bâtiment est une garantie que le matériel peut être conservé et entretenu avec soin. Les ONG et le gouvernement sont plus enclins à apporter plus de livres, de papeterie, de matériel scientifique ou d’équipement. L’expérience d’autres écoles a également montré qu’une nouvelle école n’est pas seulement un encouragement pour les enfants, mais aussi pour les enseignants qui, en l’absence d’une école appropriée, affichent un absentéisme élevé et une tendance à quitter leur emploi. Une école bien établie est donc une motivation pour les organisations gouvernementales et non gouvernementales à l’inclure dans leurs programmes de développement et à assurer la formation et le soutien des enseignants.

Effets inattendus de la construction

L’école d’Anda a réuni une communauté très traditionnelle et divisée qui n’a jamais pu bénéficier d’un projet de développement concret. Pendant un an, Nai Qala s’est activement engagé avec eux, les a responsabilisés et encouragés. Pour la première fois, la communauté d’Anda a travaillé ensemble sur un objectif commun dont chacun a pu bénéficier avant, pendant et après les travaux de construction. Lors de l’inauguration, les clés du bâtiment ont été remises au directeur de l’école en présence de la communauté qui a créé un comité de pilotage pour la protection et l’entretien de l’édifice. La viabilité de l’école dépend de la participation de toutes les parties prenantes, des autorités régionales, de la communauté, des parents, des enseignants et des élèves. L’école d’Anda fait désormais partie intégrante du plan national d’éducation et bénéficiera, à l’avenir, d’une gestion dans le cadre de la norme définie par le Ministère de l’éducation.

Promouvoir les droits de l’enfant – Projet de quiz scolaire de Bamyan

Nai Qala a eu le grand honneur de s’associer à l’Unicef à Bamyan pour commémorer le 30ème anniversaire de l’adoption de la Convention relative aux droits de l’enfant.

Nai Qala est fermement convaincue que chaque enfant a des droits fondamentaux. Au cours de la dernière décennie, nous avons apporté un soutien spécifique aux enfants par le biais de nos projets éducatifs : construction d’écoles, création de centres préscolaires, préparation des élèves à l’université, tutorat et programmes de formation des enseignants. Nai Qala reconnaît que les enfants seront les futurs acteurs du changement et dans cet esprit, il est de la plus haute importance que leurs droits soient reconnus.

Mettre le droit des enfants au premier plan dans la province de Bamyan

Ce fut une grande fierté pour Nai Qala de travailler avec l’Unicef sur un projet visant à mettre les droits de l’enfant au premier plan dans la province de Bamyan et à faire progresser leur diffusion. 

Une équipe de responsables du projet de Nai Qala était chargée d’expliquer le droit des enfants à l’école aux élèves de la septième à la neuvième année, de distribuer des brochures et d’organiser des questionnaires dans les écoles. Le programme a été mis en œuvre avec succès dans 8 districts, couvrant 25 écoles publiques et 6 centres d’apprentissage accéléré pour les enfants âgés de 13 à 15 ans. Une brochure d’information expliquant les droits de l’enfant a été distribuée à 2’500 enfants qui en étaient les bénéficiaires directs. De plus, chacun des 2’500 livrets a été rapporté chez lui par les étudiants à leurs familles, élargissant ainsi le cercle des bénéficiaires indirects.

Lors de l’assemblée matinale de chaque école, on a demandé aux élèves de la 7e à la 9e année de lire le fascicule à haute voix devant tous leurs camarades, du primaire au secondaire. Le message de la Convention relative aux droits de l’enfant a ainsi pu atteindre le plus large public possible. Pour 25 écoles, on estime à 12 500 le nombre total d’élèves qui ont appris l’existence de la convention. Au total, plus de 25’000 personnes ont été sensibilisées directement ou indirectement aux droits de l’enfant.

Un quiz spécialement développé sur ce sujet a ensuite été organisé dans chaque école pour les enfants âgés de 13 à 15 ans. Le gagnant du concours scolaire local a eu la chance de passer à l’étape suivante et de participer à un concours au niveau du district, la clé d’entrée pour la grande finale dans la ville de Bamyan. L’équipe de Nai Qala a été très touchée de voir le grand enthousiasme de tous les enfants qui ont travaillé sans relâche pour remporter la compétition.

Des conditions difficiles mais une forte motivation

L’équipe de projet de Nai Qala s’est déplacée dans les régions les plus isolées de la province, sous la pluie et la neige. Parfois, les chargés de projet devaient se déplacer à pied car les routes étaient boueuses ou verglacées et il était tout simplement impossible de voyager en voiture, mais l’équipe persévérait et restait déterminée. Il aurait pu y avoir des dizaines de raisons pour ne pas mettre en œuvre ce projet dans des zones difficiles…. 

Le but du projet était certainement la meilleure motivation pour un tel engagement de l’équipe. Les agents de terrain ont accepté et surmonté ces difficultés et ont relevé le défi parce qu’ils étaient convaincus des avantages de sensibiliser davantage les jeunes au droit des enfants.

S’appuyer sur le savoir-faire de Nai Qala pour promouvoir les droits de l’enfant

Au cours de toutes ces années, l’Association Nai Qala a créé un réseau solide dans les communautés avec une bonne réputation et a réussi à gagner leur confiance. Notre succès dans ce projet est d’autant plus admirable que nous devons souligner que nous l’avons présenté à des communautés traditionnelles qui étaient généralement moins réceptives aux nouvelles idées. Il a fallu la diplomatie et la patience de notre équipe pour les guider.

Les membres de l’équipe du projet ont pris le temps de discuter dans le respect des communautés locales et ont réussi à encourager les enfants à prendre part à la compétition. D’ailleurs, les enfants de ces communautés isolées ont été parmi les gagnants du concours dans le district et leurs fiers parents les ont accompagnés à Bamyan.

Une grande finale

Nai Qala est très fier d’avoir mis en œuvre avec succès le projet de l’Unicef et a été particulièrement heureux d’honorer ce programme à l’occasion de la Journée Mondiale de l’Enfance, à Bamyan, où se sont tenues les finales du quiz des droits des enfants et dont les gagnants ont été, 3 filles et 3 garçons. La cérémonie a été un événement très médiatisé auquel ont participé de nombreux représentants officiels respectés de l’Unicef et des autorités locales, mais surtout plus de 400 enfants, parents, enseignants et directeurs d’écoles de toutes les régions de la province. Ce fut un honneur de les accueillir tous à un si bel événement et c’est particulièrement louable pour ceux qui sont venus des régions les plus reculées, malgré la pluie et la neige sur des routes qui étaient déjà difficiles à emprunter faute d’infrastructures adéquates. Beaucoup d’entre eux ont parcouru de telles distances et ont quitté leur village pour la toute première fois.

Nous avons été particulièrement touchés de voir les parents encourager leurs enfants et les enseignants encourager leurs élèves non seulement pendant les finales mais pendant toute la durée du projet. 

Nous tenons à remercier l’Unicef pour son partenariat avec l’Association Nai Qala et pour la confiance qu’elle nous a accordée.

Une expérience d’enseignants itinérants

Behnam, Imani et Adeeb discourent de leur expérience de trois ans sur le terrain, comme enseignants itinérants dans les écoles de Nai Qala

“Nous sommes trois enseignants qui avons tous collaboré avec l’association Nai Qala (NQA) pendant 3 ans. Nous avons voyagé et aidé des centaines de filles pendant ces trois années. Nous nous sommes rendus dans 6 écoles différentes et des élèves sont venus de plus de 50 villages pour assister à nos cours. 

Le but de notre intervention était d’aider les filles à entrer à l’université ou dans l’enseignement supérieur. Aujourd’hui encore, en Afghanistan, la qualité de l’éducation est insuffisante et représente un défi. C’est encore plus difficile dans les régions rurales et pour les étudiants de ces régions. De plus, pour les filles, c’est un défi encore plus grand. Nous sommes très fiers d’aider ces filles et de leur donner de l’espoir.

Nous étions mandatés par NQA, mais une fois que nous étions arrivés dans ces régions éloignées sans connexion téléphonique, nous n’avions pas besoin d’être supervisés par un de ses responsables. Nous avons fait notre travail avec engagement. Pour nous, la motivation a résulté du leadership de NQA. Nous avons travaillé dans des conditions très difficiles dans ces régions très éloignées. 

Nous avons non seulement enseigné aux élèves, mais nous avons aussi collaboré socialement avec les parents et les aînés. Nous avons abordé la valeur de l’éducation et son importance. Nous avons pris notre temps parce que ces régions sont encore très sous-développées et que personne n’avait jamais abordé ce genre de discussion. Les communautés ont également pris ces messages très au sérieux, car notre contribution était très concrète et visible. Nous avons parlé positivement de leurs propres capacités et de la façon dont ils doivent se faire confiance.

Dans certains cas, lorsque nous avons identifié des filles qui avaient de plus grandes difficultés avec leurs études ou qui n’assistaient même pas à nos cours, nous avons pris le temps de marcher pendant des heures pour rencontrer les parents et leur expliquer pourquoi leur fille avait de telles difficultés ou les encourager à autoriser leurs filles à venir à l’école. Que quelqu’un se donne la peine de penser à leurs enfants a été très apprécié. Mais pour nous, c’était un devoir naturel pour notre pays et une contribution minimale.

Nous avons instauré une atmosphère tellement positive que les élèves ont commencé à être rarement absents ou même à ne plus l’être du tout. Les enfants sont devenus très motivés pour aller à l’école.

Un autre point très important de souligner est notre contribution à l’économie locale de ces régions éloignées. Les communautés avaient l’habitude d’envoyer leurs enfants dans les villes pour qu’ils reçoivent un soutien scolaire supplémentaire dans leurs cursus. Ce programme était important non seulement pour les élèves, mais surtout pour leurs parents, car ils pouvaient économiser de l’argent en ne les envoyant pas en ville. Notre programme était de la même qualité que celui des villes. De plus, les élèves ont obtenu de meilleures notes en classe. 

Ces trois années nous ont permis d’apprendre à être rigoureux et à prendre des responsabilités. Cette mission a été le plus grand apprentissage de notre vie. Nous apprenons davantage lorsque nous sommes mis au défi. Notre mission a été extrêmement difficile, et c’était important. Parfois, il nous fallait nous laver le visage tôt le matin, à des températures de moins de 30 degrés. Nous devions briser la glace pour trouver l’eau. C’est à ce moment-là que nous avons craint de ne plus pouvoir continuer. Puis on voyait les filles arriver après une heure de marche par un temps aussi froid, avec leurs écharpes gelées autour du cou. C’est cela qui nous a convaincu de rester et d’aider ces filles… c’est la raison de notre motivation ! 

Enfin, nous avons découvert une autre province, encore plus isolée que la nôtre. Nous avons aussi réalisé qu’une autre province peut être belle avec sa culture et ses traditions, qu’elle peut vivre avec dignité et fierté malgré l’extrême pauvreté.

Nous resterons toujours fidèles à NQA et à sa vision pour l’Afghanistan, à sa foi profonde dans le changement et l’espoir pour les filles de ces régions isolées…. “

Avec tout notre respect,

Behnam, Emani et Adeeb

Note de la rédaction:  Après trois années passées au service de l’Association Nai Qala, Behnam, Emani et Adeeb ont choisi de retourner à une vie plus sédentaire. Ils ont obtenu des postes d’enseignants d’état dans leur région d’origine.

Le projet d’éducation pré-primaire de Nai Qala prend de l’ampleur

Succès de l’enseignement pré-primaire

L’éducation de la petite enfance donne non seulement aux enfants une longueur d’avance à l’école, mais elle jette également les bases de leur réussite scolaire à long terme. Les bienfaits que les enfants retirent d’un tel programme les accompagnent tout au long de leur scolarité. Les enfants qui ont suivi les cours pré-primaires servent également de modèles au sein du système scolaire et motivent et aident les autres. Le programme contribue directement à la diminution du taux de décrochage scolaire.

Collaboration entre l’école pré-primaire et l’école primaire

Nai Qala crée un lien avec les écoles primaires gérées par le gouvernement local et aide à améliorer l’efficacité et l’efficience globales des écoles primaires.

Nai Qala est conscient de l’importance de combler cet écart et non seulement prépare les jeunes enfants à l’école par l’apprentissage et le développement, mais organise également des ateliers de collaboration pour les enseignants des écoles pré-primaires et les instituteurs des écoles primaires de première année. De cette façon, Nai Qala contribue à la préparation à l’environnement scolaire des enfants. Cette forte collaboration entre les enseignants, les parents, les élèves et la communauté est l’un des facteurs déterminants des programmes de Nai Qala.

Nous avons également remarqué que l’introduction de l’enseignement pré-primaire a un impact sur la famille dans son ensemble, car les enfants partagent leurs connaissances et leur savoir-faire à la maison de telle sorte que leurs parents puissent les appliquer avec leurs autres enfants, nourrissons et tout-petits. Toute la famille en bénéficie et est incluse dans le programme.

Objectifs de développement durable

NQA est fière de contribuer à la réalisation des objectifs des Nations Unies en matière de développement durable, en particulier ceux qui concernent l’éducation et l’égalité des sexes.

L’éducation de la petite enfance est fondamentale pour le développement de l’enfant, pour le système éducatif et pour la société dans son ensemble.

L’un des objectifs secondaires de ce programme est de renforcer l’autonomisation des femmes, les jeunes femmes jouant un rôle clé dans la mise en œuvre des projets en tant qu’enseignantes et superviseures.

Après le succès du programme d’éducation préscolaire initié par Nai Qala en 2017, le programme sera élargi au cours des prochaines années. Cette année marque la première étape avec la mise en place de 14 classes pré-primaires supplémentaires. Grâce à ce programme, Nai Qala accompagne les enfants dans l’importante transition du milieu familial à celui de l’école formelle.

Une organisation soutenue par un réseau de bénévoles

En dépit d’une équipe efficace en Afghanistan, l’association Nai Qala ne pourrait fonctionner sans un réseau de volontaires motivés.

Depuis 2007, l’Association Nai Qala (NQA) a construit des écoles et un centre de santé pour desservir les communautés les plus défavorisées dans les régions montagneuses reculées de l’Afghanistan. Nai Qala a changé la vie de milliers de personnes, des filles et des garçons qui ont finalement accès à l’éducation formelle et des familles qui sont parvenues à améliorer leur état de santé et leur situation économique. 

Pendant la même période, Nai Qala a également considérablement accru sa capacité opérationnelle en Afghanistan, en créant et en renforçant une équipe efficace à Kaboul, tant sur le plan quantitatif que qualitatif. Cependant, rien n’est acquis ; aucune des réalisations de Nai Qala ne serait possible sans le dévouement et le travail acharné des membres du conseil et des bénévoles de Nai Qala en Suisse et en Afghanistan.

Des bénévoles en Suisse et en Afghanistan

En Suisse, l’organisation est dirigée par un comité de bénévoles spécialisés dans des domaines aussi variés que l’humanitaire, la santé ou l’éducation. Nai Qala y est également soutenue par un vaste réseau de bénévoles qui apportent leur contribution sous différentes formes. Certains ont des réseaux dans les communautés locales et aident à organiser des événements de collecte de fonds, d’autres à rédiger et à communiquer, d’autres à traduire, d’autres encore à s’occuper de questions juridiques ou à gérer le site Web et la présence sur les médias sociaux.  

Au tout début de l’activité de Nai Qala, l’hébergement et le transport de la Présidente en Afghanistan étaient entièrement assurés par des bénévoles locaux. Nai Qala peut encore compter sur plusieurs volontaires à Kaboul aujourd’hui, que ce soit pour des traductions, des voyages ou, comme on l’a vu récemment, pour accueillir les invités lors de l’inauguration de l’exposition de photos à l’Université de Kaboul. Cet engagement local montre également que les Afghans sont très engagés et déterminés à participer à la création de leur propre avenir.

Tous les bénévoles et les membres du comité croient fermement en un changement profond dans les régions rurales de l’Afghanistan. Ils donnent de leur temps pendant ou après leur travail, le soir, le week-end ou pendant les vacances. Ils s’engagent pour aider à collecter des fonds et n’hésitent pas à couper les oignons ou les tomates pour préparer un repas de soutien. La façon dont ils contribuent est un exemple inspirant de la philosophie du bénévolat. Certains d’entre eux sont presque des « volontaires professionnels » et chacun d’eux est un symbole de solidarité entre les communautés en Suisse et en Afghanistan. 

Le bénévolat est utilisé comme message de motivation auprès du personnel de Nai Qala en Afghanistan – ainsi qu’auprès des communautés que Nai Qala aide, des entreprises de construction avec lesquelles Nai Qala travaille, et des partenaires gouvernementaux: « Nous, les Afghans, ne devons rien considérer comme acquis. Nous devons faire preuve de responsabilité pour le soutien que nous recevons grâce aux efforts de bénévoles qui œuvrent avec ardeur et grand cœur, et qui font tant pour nous« , rappelle régulièrement Mme Rahim, présidente du Nai Qala. L’ Association Nai Qala et ses bénéficiaires sont très reconnaissants à toutes les personnes qui consacrent leur temps, leurs compétences et leur passion à faire de l’Afghanistan rural isolé un meilleur endroit. 

Début des travaux à Anda

Une cérémonie officielle pour célébrer le début d’un nouveau projet de construction et marquer l’empreinte de Nai Qala par un symbole fort

L’inauguration officielle du début des travaux de la nouvelle école d’Anda s’est déroulée au mois de mai en présence des autorités et de la population locale, des parents, des étudiantes et étudiants. Cet événement représente bien la philosophie de notre association.

La construction d’une école est un pas important pour l’acquisition, par les jeunes filles et garçons, des connaissances nécessaires à leur avenir, mais c’est surtout une magnifique occasion de promouvoir le développement d’une région, les changements de mentalité entre femmes et hommes vers une meilleure égalité des chances, et ceci de manière durable. A travers ce nouveau projet, Nai Qala poursuit son engagement pour créer un impact progressif, mais profond qui influencera les interactions entre les femmes et les hommes.

Les filles démarrent symboliquement la construction

En proposant que le premier coup de pioche de l’école soit donné par deux jeunes étudiantes, Nai Qala tient à montrer l’importance des femmes dans la communauté. C’est un simple geste, mais qui est un symbole important pour l’engagement et le rôle des femmes dans la société afghane et leur dignité.

C’est par des actions simples lors d’événements solennels devant toute la communauté que Nai Qala poursuit ses buts d’améliorer l’image de la femme et montrer à la société que celle-ci ne pourra se développer qu’avec l’apport des femmes.

Le projet vient de débuter et il devrait se terminer en novembre avant l’arrivée de la neige.

Atelier de formation pour les enseignants du préscolaire

L’Association Nai Qala a récemment organisé un atelier pour améliorer les capacités des enseignants du préscolaire travaillant dans les villages de la région de Nai Qala.

L’Association Nai Qala a organisé dans les locaux de l’organisation à Kaboul, au début du mois d’avril, un atelier pour améliorer les capacités des enseignants du préscolaire travaillant dans les villages de la région de Nai Qala. Huit enseignants ont participé à la formation et approfondi leurs connaissances sur les objectifs du cycle préscolaire, l’importance de la pédagogie active, les droits des enfants, la durabilité, les méthodes pédagogiques efficaces, les groupes de jeu dans la communauté, le rôle et l’importance de la communication. Tous les sujets ont été activement discutés et illustrés par les expériences quotidiennes des enseignants.

L’école enfantine est un concept nouveau en Afghanistan

L’éducation préscolaire est un concept très nouveau en Afghanistan. Les gens ne savent pas ce qu’est l’école enfantine (école maternelle) et ne sont donc pas conscients de son importance pour le développement de l’enfant d’un point de vue éducatif, émotionnel et comportemental. Les enseignants ont mis l’accent sur la façon dont l’éducation préscolaire des jeunes enfants prépare le terrain pour l’éducation formelle ultérieure, mais aussi pour les enfants en tant que futurs citoyens. L’importance du jeu a été largement discutée et reconnue comme un moyen d’inculquer des changements de comportement. Le jeu à l’école enfantine donne aux enfants l’occasion de collaborer, de faire des réalisations dont ils sont fiers, d’apprendre la patience et de partager. Les enseignants ont été impressionnés par le potentiel qu’offre le jeu pour favoriser le changement. 

Le droit de l’enfant est un sujet qui a suscité un grand intérêt de la part des participants. « Les enfants ont des droits », « Les enfants doivent être respectés comme tout autre être humain  » étaient des phrases récurrentes parmi les participants. Les enseignants ont découvert comment améliorer leur comportement avec les enfants d’âge préscolaire.

Les enseignants ont fait preuve d’un grand enthousiasme pour leur travail quotidien et d’une grande motivation pour leur rôle éducatif, et ont partagé de nombreuses anecdotes. Tous ont été très heureux de participer à cet atelier. Ils ont beaucoup appris sur le développement de l’enfant et l’éducation préscolaire, mais aimeraient approfondir leurs connaissances et recevoir plus de formation en cours d’emploi à l’avenir

Impressions d’un participant

Qasem, la dernière recrue de l’organisation, a également participé à l’atelier, à la fois comme participant et comme formateur. Il partage son sentiment sur le stage :

« L’atelier préscolaire a été l’une des expériences les plus utiles que j’aie jamais eues. Bien que le séminaire ait été conçu pour améliorer les compétences des enseignants du préscolaire, j’ai aussi beaucoup appris dans cet atelier. Comme l’éducation préscolaire en est encore à ses débuts en Afghanistan, je n’ai jamais eu l’occasion d’acquérir une connaissance aussi approfondie de l’éducation préscolaire et de son rôle dans le développement des enfants. L’atelier m’a donné l’occasion de me familiariser avec le préscolaire, ses valeurs et son importance pour le développement des capacités des enfants à un âge plus avancé de leur vie.  

Cet atelier a été très agréable et enrichissant pour plusieurs raisons. D’une part, j’ai participé autant que possible à l’organisation et à la planification de l’atelier. D’autre part, c’était le premier atelier où j’ai eu l’occasion de présenter un sujet. Cette expérience m’a donné l’assurance d’avoir la capacité de m’adresser à un large public. De plus, cet atelier m’a donné confiance en moi et me motive à prendre la parole dans des grands séminaires, ou ateliers, au nom de Nai Qala.

Lors de cet atelier, j’ai découvert que les enseignants du préscolaire parlaient avec beaucoup d’intérêt et de motivation des enfants et des classes préscolaires… Et ça m’a vraiment impressionné. 

J’ai beaucoup appris de cet atelier sur l’éducation des enfants, le contenu et la philosophie de l’éducation préscolaire, les routines et j’ai écouté avec beaucoup d’intérêt les histoires que les enseignants ont partagées sur leurs classes et leurs expériences quotidiennes avec les enfants. De plus, cet atelier a été très motivant pour moi et j’ai trouvé que le personnel de Nai Qala et les enseignants sont très engagés et travaillent sans relâche pour promouvoir l’éducation des enfants dans les zones rurales, et maintenant je me sens plus que jamais engagé à travailler plus dur pour ces communautés défavorisées. »